[Aime] Alice de l’autre côté du miroir, de James Bobin

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Bonsoir à tous! Une fois n’est pas coutume, l’article du jour sera consacré à une sortie cinéma incontournable: il s’agit en effet d’Alice de l’autre côté du miroir!

Dans cette nouvelle aventure, nous retrouvons les personnages inoubliables des histoires de Lewis Carroll, dont Alice qui retourne dans le fantastique Pays des Merveilles et voyage dans le temps afin de secourir son ami, le Chapelier Fou…

Pour être très honnête, j’ai mis quelques minutes à apprécier le film tant sa première partie m’a déstabilisée. En effet, les personnages de Lewis Carroll, que j’apprécie pour leur énigmatique ambiguïté, m’ont semblé relativement métamorphosés.

Le Chat du Cheshire, d’ordinaire rusé et sibyllin, s’est mué en un mignon matou, aussi duveteux qu’évanescent. Quant au Chapelier, plutôt que toqué, il apparaît tout au plus original et hypersensible.alice1

En dépit de ce parti pris curieusement manichéen, j’ai trouvé l’ensemble des personnages attachant. Ils forment en effet un panthéon de créatures plus adorables les unes que les autres, dont les plus féroces se révèlent avant tout incomprises. L’univers imaginé est indéniablement plus tendre qu’onirique… Même le dessin animé de 1951 se voulait plus subversif!

Une fois cette option scénaristique admise, je me suis trouvée en mesure d’apprécier la proposition et certaines de ses trouvailles éclairées. Ainsi, retrouver une Alice devenue capitaine de voilier m’a beaucoup séduite. Cette héroïne téméraire et affirmée en possède indéniablement l’étoffe!

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Les thématiques de la cause féminine, de la force des liens familiaux et de l’inexorable passage du temps m’ont également beaucoup touchée. Le personnage du Temps, intelligemment incarné par Sacha Baron Cohen, est d’ailleurs l’un des rares à présenter un abord complexe, à l’image du fantastique mécanisme d’horlogerie qui lui sert de demeure.

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Si son interprétation m’a enthousiasmée, je ne peux malheureusement pas en dire autant de celle de la délicate Anne Hathaway, caractérisée par un surjeu constant, ni de celle de Johnny Depp, en petite forme, qui campe un chapelier peu inspiré. Mia Wasikowska reste, elle, d’un naturel désarmant, et Rhys Ifans, méconnaissable dans un rôle secondaire que je vous laisse le soin de découvrir, s’avère une fois de plus excellent.

Enfin, la mise en scène psychédélique et survitaminée ne m’a pas déçue, malgré ma préférence pour la tonalité gothique apportée par Tim Burton dans le premier volet. Les décors sont d’une esthétique archi-soignée et j’ai tout particulièrement apprécié le travail sur les couleurs arborées par le Chapelier.

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En conclusion, faites abstraction de tout ce que vous savez sur le Pays des Merveilles et embarquez pour cette nouvelle aventure, riche en rebondissements et pétrie de jolies valeurs. Vous passerez sans nul doute un agréable moment!

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[Lis] Oscar et la dame rose, Eric-Emmanuel Schmitt

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Il n’y a que très peu de facteurs qui peuvent se dresser entre un bon livre et moi… Et chacun d’eux est lié à l’un des préjugés de lectrice dont j’essaie tant bien que mal de me défaire.

Le premier est mon injustifiable réticence à l’égard de la littérature francophone. Je l’admets, je suis plus facilement séduite par la prose délicieusement exotique des auteurs anglo-saxons. En seconde place se trouve mon incorrigible méfiance à l’égard des ouvrages universellement acclamés. A mes yeux, rien n’est plus suspect qu’une oeuvre qui plaît à tout le monde!

Pour ces raisons, Oscar et la dame rose n’avait pas la moindre chance de me tomber un jour dans les mains… Et pourtant, près de quatorze ans après sa date de publication, le miracle s’est finalement produit!

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Oscar a dix ans et il vit à l’hôpital. Même si personne n’ose le lui dire, il sait qu’il va mourir. La dame rose, qui le visite et qui croit au ciel, lui propose, pour qu’il se sente moins seul, d’écrire à Dieu. Voici les lettres que le garçon lui adresse. 

Elles décrivent douze jours de la vie d’Oscar, douze jours cocasses et poétiques, douze jours pleins de personnages drôles et émouvants. Ces douze jours seront peut-être les derniers. Mais, grâce à Mamie Rose, qui noue avec Oscar un très fort lien d’amour, ils seront certainement inoubliables.

 

Comme vous vous en doutez désormais, je ne m’attendais pas franchement à apprécier les aventures d’Oscar. Je craignais un enchaînement de poncifs, mâtinés de bons sentiments, avec une fin tire-larmes comme je les déteste. En réalité, et à mon grand étonnement, ce petit roman de moins de cent pages n’a pas usurpé l’estime universelle qui semble lui être portée.

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Oscar ne ressemble pas aux gamins des collectes de fonds télévisées, ceux qui, impassibles et courageux, affrontent la mort avec une sérénité qu’envient leurs aînés. Espiègle et turbulent, il entre en guerre contre les adultes et la pitié qu’ils témoignent à son égard. Le changement qu’il observe dans le regard de ses parents, en particulier, le consterne au plus haut point. Aux yeux de tous, il est désormais un martien, et qui n’en a plus pour très longtemps de surcroît.

C’est alors qu’il croise la route de Mamie Rose, une visiteuse d’hôpitaux qui tient son surnom de son âge avancé et de la blouse qu’elle porte et qui la différencie du personnel infirmier. Hormis ses évidentes qualités d’écoute, cette dernière surprend Oscar par son caractère irrévérencieux, ses folles anecdotes de jeunesse et sa façon de le traiter comme un être humain à part entière.

Loin de le dorloter ou de chercher à l’épargner, Mamie Rose n’hésite pas à le bousculer pour l’inciter à vivre chaque jour comme le dernier. Avec une subtilité qui lui est propre, elle soumet à Oscar des questionnements sur le sens de la vie, mais aussi sur celui de la souffrance et de la mort. En une douzaine de jours, et presque autant de lettres, ils mènent ensemble un parcours initiatique aussi accéléré que bouleversant.

Pour autant, l’ouvrage n’a rien d’une tragédie. L’humour sans concession d’Oscar et le franc-parler de la dame rose apportent au roman autant de spontanéité que de légèreté.

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Ce sont ces qualités, et tant d’autres, que j’espérais retrouver dans le film de 2009, réalisé par Eric-Emmanuel Schmitt en personne. Toutefois, si le roman m’a positivement étonnée, mon sentiment à l’égard de cette libre adaptation est diamétralement opposé.

Bien que certaines trouvailles scénaristiques, telles que l’utilisation des ballons de baudruche, m’aient séduite, j’ai trouvé l’immense majorité des modifications apportées à l’intrigue vides de sens. Pourquoi métamorphoser la tendre Mamie Rose en une quadragénaire désabusée, acerbe et colérique? Et surtout: pour quelle raison faire de ce personnage, curieusement remanié au point d’en être dénaturé, l’héroïne de l’histoire… quand tout son intérêt est d’être racontée depuis le point de vue d’un enfant de dix ans?

Dans cette version cinématographique burlesque et dépourvue de nuance, les non-dits s’effacent et la magie n’opère plus. L’essentiel du roman m’est apparu dilué dans une mise en scène grandiloquente et un surjeu permanent de la plupart des acteurs. Seul Amir Ben Abdelmoumen, d’un naturel désarmant, fait honneur à son alter-ego de papier.

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En conclusion, si vous faites partie des rares lecteurs à ne pas encore avoir cédé au charme d’Oscar, ne résistez pas davantage! En ce qui concerne le film, par contre, il ne mérite définitivement pas que l’on s’y attarde!

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[Aime] Penelope, de Mark Palansky

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Rares sont les films que j’apprécie dès leur sortie mais auxquels je m’attache encore davantage avec le temps. Celui dont j’ai envie de vous parler ce soir fait partie de ces titres qui, à l’opposé des oubliables productions hollywoodiennes en série, possède un authentique supplément d’âme : il s’agit de Penelope.

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Notre héroïne est une jeune aristocrate qui a, bien malgré elle, pris un mauvais départ dans l’existence : à la suite d’une obscure malédiction ayant frappé l’un de ses ancêtres, l’enfant se trouve dès la naissance dotée d’un groin et d’abominables oreilles de porc. A la maternité, ce sont d’ailleurs les hurlements de la mère, plutôt que ceux du nouveau-né, qui font trembler les murs !

La famille Wilhern, désemparée mais disposant de moyens financiers illimités, se tourne alors vers la médecine. En vain ! Les spécialistes sont unanimes : l’anomalie est définitivement inopérable. Il ne reste à Penelope plus qu’un espoir, celui de lever le mauvais sort en se faisait aimer de l’un de ses semblables.

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En attendant d’être en âge de convoler, la fillette doit impérativement être mise à l’abri des journalistes et des regards indiscrets. Sa mère opte alors pour une solution particulièrement radicale, puisqu’elle n’hésite pas à orchestrer un simulacre de cérémonie funéraire !

Penelope, qui n’est officiellement plus de ce monde, se voit désormais contrainte de mener une vie de recluse. Elle occupe une chambre féerique, bien qu’hermétiquement close, et se passionne autant pour la lecture que pour la botanique. C’est dans cette solitude extrême que l’enfant grandit et développe une personnalité enjouée, curieuse et attachante.

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Quand l’heure vient enfin de partir en quête du prince charmant, rien n’est à nouveau laissé au hasard. Madame Wilhern choisit de faire appel à une entremetteuse professionnelle, qu’elle charge de sélectionner le gratin de la noblesse britannique. Les prétendants sont ainsi convoqués un à un et priés de faire la connaissance de l’infortunée jeune femme, habilement dissimulée derrière une vitre sans tain. Voilà qui prend au pied de la lettre le concept de blind date!

Malheureusement, une fois le moment de vérité arrivé, les célibataires, pris d’effroi, s’enfuient à toutes jambes ! Jusqu’au jour où l’un d’entre eux, un joueur compulsif du nom de Max, semble bien décidé à rester…

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Penelope est une conte de fées décalé et contemporain, qui se déploie dans un Londres au charme enchanteur. Face à un père distant et à une mère névrosée, notre princesse des temps modernes doit avant tout apprendre à se connaître et partir à la découverte du monde trépidant qui l’entoure. Ses (més)aventures, bien que touchantes, ne sont toutefois pas dénuées d’humour.

Le film est très soigné sur le plan visuel. La palette de couleurs, les décors oniriques et la garde-robe atypique de l’héroïne sont savamment étudiés pour contribuer à la création d’un univers merveilleux et immédiatement reconnaissable. Ce sont cependant les prestations de Christina Ricci, adorable de candeur, et de James McAvoy, crédible dans ce rôle de raté au grand cœur, qui permettent à la magie d’opérer.

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Si vous aimez les histoires joliment mises en scène et que vous avez conservé votre âme d’enfant, je vous recommande de découvrir ce film sans plus attendre !  Et n’oubliez pas: ce qui importe, ce n’est pas le pouvoir de la malédiction, mais bien celui qu’on lui accorde…

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[Aime] La femme au tableau, Simon Curtis

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Bonjour à tous! Aujourd’hui, grâce à l’opération DVD Trafic, je suis heureuse de partager mes impressions au sujet d’un film que j’avais envie de voir depuis sa sortie: La femme au tableau.

La femme au tableau retrace l’histoire de Mary Altmann, juive née à Vienne, et de son combat, aux côtés de l’avocat Randol Schoenberg, pour récupérer un célèbre tableau de Gustav Klimt, qui aurait été dérobé par les nazis à sa famille durant la guerre…

Cette captivante histoire vraie prend place en 1998, alors que de nouvelles lois sur la restitution d’œuvres volées voient le jour et que Mary Altmann, dame âgée et apparemment sans histoires, part en quête du portrait de sa tante Adèle, arraché au mur de leur luxueux appartement par les nazis. Cette superbe oeuvre de commande, réalisée par l’illustre peintre Klimt, se trouve alors exposée au Musée du Belvédère, en plein cœur de la capitale autrichienne.

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Animée par une soif de justice et par le souhait de maintenir intacte la mémoire de ses ancêtres, Mary s’adresse à Randy, le fils d’une amie qui se trouve justement être avocat. Ce qui les réunit? De douloureuses racines communes et une détermination à toute épreuve. Entre eux se noue une improbable et émouvante amitié.

Leurs démarches débutent avec la recherche du testament perdu d’Adèle, procédure qui exige un voyage en Autriche. Mary finit par accepter de retourner sur sa terre natale, en dépit de la peur et du traumatisme qui continue de l’étreindre et que nous découvrons alors, sous forme de déchirants flash-back.

Ryan Reynolds and Helen Mirren in Woman in Black.

Mary et Randy s’aperçoivent toutefois rapidement que l’Autriche n’est pas prête à renoncer si facilement à ses trésors mal acquis. Ils se heurtent à une implacable bureaucratie qui leur fait prendre conscience de la complexité du combat qui s’annonce…

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J’ai été séduite par la mise en scène qui évoque à la perfection l’atmosphère si particulière de la capitale autrichienne, tiraillée entre une vie culturelle bouillonnante et un passé marqué du sceau de la tragédie. A l’image du combat de Mary pour rendre au portrait sa véritable histoire, le film donne aux événements toute leur dimension humaine.

Les scènes se déroulant dans les années 1940 m’ont particulièrement émue. En effet, le jeu subtil des acteurs et le choix de garder les dialogues en langue allemande rendent extrêmement tangible le drame de ces vies humiliées, pillés, détruites. La violence de l’irruption des officiers, comme l’angoisse de la fuite, m’ont bouleversée.

Je vous recommande donc ce film, pour la justesse de son interprétation et sa parfaite retranscription d’une histoire aussi poignante qu’authentique.


La femme au tableau est sorti en dvd le 18 novembre 2015, chez M6-SND.

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