[Lis] Avant toi, Jojo Moyes

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Bonsoir à tous! Je vous retrouve aujourd’hui avec une note littéraire consacrée à un best seller absolu et international: il s’agit d’Avant toi, de Jojo Moyes.

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Quand Lou apprend que le café où elle est serveuse depuis des années met la clé sous la porte, c’est la panique. En pleine crise, dans ce trou paumé de l’Angleterre, elle se démène pour dégoter un job qui lui permettra d’apporter à sa famille le soutien financier nécessaire.

C’est alors qu’on lui propose un contrat de six mois pour tenir compagnie à un handicapé. La jeune femme fait la connaissance de Will, un jeune tétraplégique à la destinée tragique… Parviendra-t-elle à lui redonner goût à la vie?

Les livres se suivent et ne se ressemblent pas… mais les raisons qui m’incitent à les acheter, elles, sont étrangement similaires. En effet, c’est suite à la lecture de nombreux avis élogieux que je me suis intéressée à ce roman. Pour tout vous dire, je n’avais même pas lu la moitié de la quatrième de couverture au moment de l’ajouter au panier! Je cherchais simplement à apaiser mon insatiable curiosité de lectrice.

Ce livre aurait pu sommeiller sur une étagère pendant des mois si je n’avais pas entendu parler de son adaptation cinématographique. La date de sortie approchant, je me suis dit qu’il était urgent de me pencher sur la question, si je souhaitais le terminer avant d’en découvrir la transposition sur grand écran.

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C’est alors qu’en le retirant de ma bibliothèque, je me suis soudain demandé si j’allais réellement en venir à bout un jour: était-il humainement possible d’ingurgiter 528 pages de mélodrame sentimental sans sombrer dans l’écœurement? A la surprise générale, j’ai finalement répondu par l’affirmative… et en moins de trois jours!

De toute évidence, Avant toi s’est révélé une lecture étonnamment irrésistible. Cela ne tient pas au style de son auteur qui, bien que fluide et agréable, n’a pas particulièrement retenu mon attention. Son héroïne, par contre, sort plutôt de l’ordinaire. J’ai apprécié sa personnalité pétillante et son esprit créatif, matérialisé par ses goûts vestimentaires affirmés. J’ai, en outre, été positivement surprise par la façon dont l’auteur nous dévoile progressivement toute sa complexité. En effet, Louisa n’est pas aussi lisse qu’elle le laisse croire au premier abord: les meurtrissures du passé ainsi qu’une dynamique familiale douloureuse en font un être doté d’aspérités. On est loin des narratrices interchangeables et dénuées d’intérêt dont la littérature romantique a tendance à nous inonder!

L’autre qualité majeure de l’ouvrage est son rythme soutenu. Au fil des pages, l’intrigue progresse, les mystères se résolvent, les relations évoluent… L’auteur ne dilue pas son histoire et lui insuffle même un climat de tension qui provoque un réel sentiment de suspense chez le lecteur. Sans m’en apercevoir, je me suis retrouvée prise au piège, incapable de refermer le roman avant d’en connaître l’issue!

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La thématique délicate du handicap et de la liberté individuelle est ici extrêmement bien traitée. Jojo Moyes semble s’être richement documentée, mais elle ne tombe jamais dans le travers de l’excès d’informations qui noierait le récit. La vie après un accident d’une telle gravité nous est montrée sans pathos, ni candeur.  Le lecteur, qui ne peut demeurer indifférent au sort de Will, se retrouve assailli de questions auxquelles aucune réponse toute faite ne sera apportée, si ce n’est celle de demeurer bienveillant et compréhensif, en toutes circonstances.

Enfin, comment aborder cet ouvrage sans évoquer l’inévitable histoire d’amour? Celle que nous propose Avant toi se veut toutefois différente, hors normes, tourmentée, et cet amour impossible s’avère aussi crédible que poignant. Je n’ai d’ailleurs pas honte d’admettre à quel point ce livre m’a émue!

En conclusion, même si la romance n’est pas mon genre de prédilection, j’ai été séduite par le charme que dégage ce roman et je suis impatiente de découvrir le film qu’il a inspiré!

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[Lis] Aurora Teagarden – 1. Le club des amateurs de meurtres, Charlaine Harris

Bonjour à tous! J’espère que vous vous portez bien et que la tempête des derniers jours ne vous a pas causé trop de tracas. En ce qui me concerne, je me trouvais à l’étranger, mais un vent intense était également de la partie.

Aujourd’hui, c’est décidé: je reste à la maison, j’allume une bougie parfumée et je vous écris à propos du premier volume d’une saga policière que je viens de découvrir!

Chaque petite ville a ses mystères et Lawrenceton, en Georgie, n’échappe pas à la règle. Le club des Amateurs de meurtres se réunit une fois par mois pour étudier de célèbres cold cases. Pour Aurora Teagarden, jeune bibliothécaire, c’est un passe-temps aussi agréable qu’inoffensif… Jusqu’au jour où elle découvre le corps sans vie d’une des membres du cercle.

Étrangement, la scène du crime ressemble à une ancienne affaire. Des fidèles du club sont assassinés et ces meurtres ont des allures de copycat. Tous les membres, y compris Aurora, sont des coupables plausibles, et des victimes potentielles. Qui se cache derrière ce jeu macabre ?

Si vous êtes un peu observateurs, vous aurez constaté que je ne lis jamais de polar car, autant j’apprécie le genre sur grand écran, autant, au moment d’ouvrir un roman, je recherche avant tout la détente et l’évasion. En tant que lectrice nocturne, j’ai tendance à fuir les univers qui risqueraient de venir me hanter pendant mon sommeil!

Pourtant, Le club des amateurs de meurtres est parvenu à éveiller mon intérêt, et pour une raison toute simple: j’ai vu, et apprécié, le téléfilm Hallmark inspiré par les romans. J’ignorais alors qu’il s’agissait de l’adaptation d’une série littéraire en huit volumes dont Charlaine Harris, plus connue pour avoir écrit La communauté du Sud, était l’auteur!

J’ai retrouvé dans ce premier tome chacun des éléments qui m’avaient séduite dans la version télévisée. Tout d’abord, la narratrice n’a rien d’un lieutenant de police ou d’un détective privé: Aurora, que tout le monde surnomme Roe, est une bibliothécaire tout ce qu’il y a de plus ordinaire… à une exception près: durant son temps libre, la jeune femme se passionne pour les affaires criminelles non résolues!

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Si un tel loisir peut surprendre, il n’a rien de très excentrique à Lawrenceton où un authentique Club des amateurs de meurtres a vu le jour et permet, lors de ses assemblées, à un participant de présenter une enquête qu’il soumet ensuite au débat. Le cercle passe alors au crible le moindre indice, la moindre zone d’ombre et élabore de nouvelles hypothèses au sujet des plus inquiétants tueurs en série de l’histoire!

Leur expertise est toutefois mise à l’épreuve lorsque l’un des membres est retrouvé assassiné, quelques minutes avant l’ouverture d’une réunion du club. Rassemblés sur les lieux du drame, les amateurs de meurtres deviennent alors les suspects de cette angoissante partie de Cluedo. Le mobile est-il le règlement de compte? Ou s’agit-il, au contraire, d’un crime passionnel?

Rien n’est moins sûr pour Aurora qui, alors qu’elle se remet à grand peine de cette macabre découverte, est subitement assaillie par un sentiment de familiarité. C’est indéniable: le meurtre reproduit trait pour trait l’affaire qui faisait l’objet de l’exposé du jour! Et il n’est que le premier d’une longue série…

Le roman pourrait alors prendre la voie du policier traditionnel, mais entre la vie de la bibliothèque, celle du voisinage et les hésitations sentimentales de notre héroïne, l’intrigue mêle mystère et romance pour une lecture aussi légère qu’imprévisible.

Les puristes pourraient ne pas y trouver leur compte, mais en ce qui me concerne, j’ai déjà hâte de me plonger dans les volets suivants!

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[Lis] Oscar et la dame rose, Eric-Emmanuel Schmitt

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Il n’y a que très peu de facteurs qui peuvent se dresser entre un bon livre et moi… Et chacun d’eux est lié à l’un des préjugés de lectrice dont j’essaie tant bien que mal de me défaire.

Le premier est mon injustifiable réticence à l’égard de la littérature francophone. Je l’admets, je suis plus facilement séduite par la prose délicieusement exotique des auteurs anglo-saxons. En seconde place se trouve mon incorrigible méfiance à l’égard des ouvrages universellement acclamés. A mes yeux, rien n’est plus suspect qu’une oeuvre qui plaît à tout le monde!

Pour ces raisons, Oscar et la dame rose n’avait pas la moindre chance de me tomber un jour dans les mains… Et pourtant, près de quatorze ans après sa date de publication, le miracle s’est finalement produit!

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Oscar a dix ans et il vit à l’hôpital. Même si personne n’ose le lui dire, il sait qu’il va mourir. La dame rose, qui le visite et qui croit au ciel, lui propose, pour qu’il se sente moins seul, d’écrire à Dieu. Voici les lettres que le garçon lui adresse. 

Elles décrivent douze jours de la vie d’Oscar, douze jours cocasses et poétiques, douze jours pleins de personnages drôles et émouvants. Ces douze jours seront peut-être les derniers. Mais, grâce à Mamie Rose, qui noue avec Oscar un très fort lien d’amour, ils seront certainement inoubliables.

 

Comme vous vous en doutez désormais, je ne m’attendais pas franchement à apprécier les aventures d’Oscar. Je craignais un enchaînement de poncifs, mâtinés de bons sentiments, avec une fin tire-larmes comme je les déteste. En réalité, et à mon grand étonnement, ce petit roman de moins de cent pages n’a pas usurpé l’estime universelle qui semble lui être portée.

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Oscar ne ressemble pas aux gamins des collectes de fonds télévisées, ceux qui, impassibles et courageux, affrontent la mort avec une sérénité qu’envient leurs aînés. Espiègle et turbulent, il entre en guerre contre les adultes et la pitié qu’ils témoignent à son égard. Le changement qu’il observe dans le regard de ses parents, en particulier, le consterne au plus haut point. Aux yeux de tous, il est désormais un martien, et qui n’en a plus pour très longtemps de surcroît.

C’est alors qu’il croise la route de Mamie Rose, une visiteuse d’hôpitaux qui tient son surnom de son âge avancé et de la blouse qu’elle porte et qui la différencie du personnel infirmier. Hormis ses évidentes qualités d’écoute, cette dernière surprend Oscar par son caractère irrévérencieux, ses folles anecdotes de jeunesse et sa façon de le traiter comme un être humain à part entière.

Loin de le dorloter ou de chercher à l’épargner, Mamie Rose n’hésite pas à le bousculer pour l’inciter à vivre chaque jour comme le dernier. Avec une subtilité qui lui est propre, elle soumet à Oscar des questionnements sur le sens de la vie, mais aussi sur celui de la souffrance et de la mort. En une douzaine de jours, et presque autant de lettres, ils mènent ensemble un parcours initiatique aussi accéléré que bouleversant.

Pour autant, l’ouvrage n’a rien d’une tragédie. L’humour sans concession d’Oscar et le franc-parler de la dame rose apportent au roman autant de spontanéité que de légèreté.

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Ce sont ces qualités, et tant d’autres, que j’espérais retrouver dans le film de 2009, réalisé par Eric-Emmanuel Schmitt en personne. Toutefois, si le roman m’a positivement étonnée, mon sentiment à l’égard de cette libre adaptation est diamétralement opposé.

Bien que certaines trouvailles scénaristiques, telles que l’utilisation des ballons de baudruche, m’aient séduite, j’ai trouvé l’immense majorité des modifications apportées à l’intrigue vides de sens. Pourquoi métamorphoser la tendre Mamie Rose en une quadragénaire désabusée, acerbe et colérique? Et surtout: pour quelle raison faire de ce personnage, curieusement remanié au point d’en être dénaturé, l’héroïne de l’histoire… quand tout son intérêt est d’être racontée depuis le point de vue d’un enfant de dix ans?

Dans cette version cinématographique burlesque et dépourvue de nuance, les non-dits s’effacent et la magie n’opère plus. L’essentiel du roman m’est apparu dilué dans une mise en scène grandiloquente et un surjeu permanent de la plupart des acteurs. Seul Amir Ben Abdelmoumen, d’un naturel désarmant, fait honneur à son alter-ego de papier.

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En conclusion, si vous faites partie des rares lecteurs à ne pas encore avoir cédé au charme d’Oscar, ne résistez pas davantage! En ce qui concerne le film, par contre, il ne mérite définitivement pas que l’on s’y attarde!

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[Aime] Une éducation, Lone Scherfig

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Bonjour à tous! Je suis très heureuse de vous retrouver avec une nouvelle chronique cinématographique. Il semblerait que Carey Mulligan m’inspire, puisqu’elle est une fois de plus à l’affiche du film dont il sera question aujourd’hui: Une éducation.

1961, Angleterre. Jenny a 16 ans et se prépare à intégrer Oxford. Sa voie semble toute tracée jusqu’à sa rencontre avec un homme deux fois plus âgé qu’elle, qui va tout remettre en cause.

Dans un monde qui se prépare à vivre la folie des années 60, dans un pays qui passe de Lady Chatterley aux Beatles, Jenny va découvrir la vie, l’amour, Paris, et devoir choisir son existence…

Jenny est une étudiante brillante et curieuse, qui a été élevée selon les principes d’une éducation scolaire et familiale très stricte. Musicienne accomplie, fille unique, responsable et bonne élève, elle se plie aux règles tout en laissant échapper des réparties pleines d’esprit qui nous font apercevoir son tempérament insoumis.

Le seul objectif qu’elle poursuit est d’être acceptée à Oxford. Pour y parvenir, elle devra combattre son aversion pour la langue latine et éliminer les distractions de toute nature. Les espoirs de ses parents reposent entièrement sur elle et sur l’ascension sociale que son intelligence lui permet d’espérer.

A peine sortie de l’adolescence, Jenny se sent pourtant pleine d’envies, de rêves et d’ambitions inassouvies. A ses yeux, l’université représente dès lors l’opportunité de faire et de lire ce qu’elle veut, de voyager et de rencontrer des personnes d’horizons diversifiés. 

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C’est alors qu’elle fait la connaissance de David. Cet étranger, nimbé de mystère et prêt à l’introduire dans un monde entièrement neuf, incarne tout ce qu’elle attend de l’âge adulte. Il est amusé par sa fraîcheur et sa naïveté de « jeune personne qui a tout à apprendre ». Elle est admirative de son charisme qui lui permet en un instant d’amadouer sa mère et de déstabiliser son inflexible père. A elle les sorties tardives et inopinées! 

Aux côtés de David, elle découvre un univers mondain et éblouissant qui la mène de concerts en cabarets, des ventes aux enchères les plus prestigieuses aux suites des meilleurs hôtels. L’homme d’affaires la présente à ses amis décadents et désabusés, qui mènent une vie de luxe et de frivolité assumée. Rosamund Pike est parfaite dans le rôle d’Helen, superbe blonde écervelée dont les répliques sont toutes plus amusantes les unes que les autres. 

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Loin de fuir ce milieu si différent du sien, Jenny, qui se passionne pour la littérature, se croit devenue l’héroïne d’un passionnant roman. Enfin, sa morne existence devient digne d’intérêt! Et la fascination qu’elle lit dans le regard de ses amies ne fait que l’encourager à poursuivre cette étourdissante nouvelle vie.

Très vite toutefois, des zones d’ombre apparaissent. Entre séduction et manipulation, la frontière est mince et tend à se brouiller subitement. Jenny, qui a pourtant l’avenir devant elle, risque de tout perdre dans cette hasardeuse relation…

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Cela faisait des années que je souhaitais voir ce film, sorti en 2009, et je n’ai pas été déçue un seul instant. J’ai apprécié que l’histoire ne sombre pas dans les stéréotypes attendus. Jenny n’est pas influençable ou prête à tout pour être admise par David qui, lui, n’est ni un prince charmant, ni un méchant de contes de fées. L’intrigue est menée avec subtilité et les personnages restent toujours dans la nuance – à l’exception peut-être de celui d’Helen, qui apporte une note d’humour bienvenue.

Carey Mulligan est, une fois de plus, extraordinaire de candeur et d’impertinence. Peter Sarsgaard, quant à lui, incarne à merveille le gentleman charmeur et énigmatique.

Les costumes et les décors contribuent à créer une atmosphère d’époque et à marquer le contraste entre la jeune Jenny et la sphère fastueuse dans laquelle David évolue. Le Londres des années soixante, ses boutiques au charme désuet et ses rues bien agencées m’ont laissée rêveuse.

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Connaissez-vous ce film? Ou le roman duquel il est adapté? Si tel est le cas, n’hésitez pas à me faire part de vos impressions!

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[Aime] Loin de la foule déchaînée, Thomas Vinterberg

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Bonsoir à tous! Comme vous le savez sans doute, je n’écris pas souvent d’articles consacrés au septième art. J’aime me laisser emporter par la magie du cinéma, sans nécessairement éveiller mon esprit d’analyse, sans devoir réfléchir à ce que je pourrais rédiger par la suite.

Il arrive néanmoins qu’un film m’inspire tant que les mots s’imposent à moi, que ma critique s’écrive d’elle-même. Ce fut le cas pour Loin de la foule déchaînée. 

 

Dans la campagne anglaise de l’époque victorienne, une jeune héritière, Bathsheba Everdeene, se retrouve à la tête d’une ferme léguée par son oncle. Femme libre et séduisante, elle choisit de s’assumer seule et sans mari, ce qui n’est pas du goût de tous, et certainement pas de ses ouvriers. Bathsheba se laisse le droit de décider de sa vie comme elle l’entend et choisit de ne se marier qu’une fois amoureuse. 

 

Dès les premières minutes, j’ai été littéralement éblouie par la splendeur de la mise en scène. Les décors naturels du Dorset sont à couper le souffle et un travail sophistiqué sur la lumière les met encore davantage en valeur. Le réalisateur alterne les scènes de jour, où un soleil chaud et diffus succède à la brume, et celles de nuit, qui donnent lieu à des clair-obscurs particulièrement intenses et picturaux.

Carey Mulligan as Bathsheba Everdeen and Matthias Schoenaerts as Gabriel Oak in a scene from "Far From the Madding Crowd."

La bande originale de Craig Armstrong m’a elle aussi instantanément séduite. J’ai aimé la sensibilité des cordes et du piano, qui ne se contentent pas d’accompagner mais qui subliment véritablement les émotions des personnages, tout en nous transportant comme par magie dans la campagne anglaise du XIXe siècle.

 

Et c’est tout aussi rapidement que je me suis prise d’affection pour notre héroïne au prénom complexe et mystérieux, Bathsheba. J’ai aimé sa personnalité fantasque et affirmée comme son refus d’appartenir à un époux, dont elle n’a nul besoin. Paradoxalement, son indépendance trouble la gent masculine et la déstabilise. En raison de son mépris des convenances et de sa volonté de n’écouter que son cœur, elle suscite tout autant l’incompréhension que la fascination. Les prétendants accourent, l’indécision amoureuse s’installe: comment choisir entre une vie sentimentale tracée d’avance, une histoire d’amour qui défie les principes et une passion dangereuse, où elle risque de tout perdre?

Alors qu’elle se retrouve propriétaire d’une vaste exploitation, Bathsheba ne délègue nullement ses responsabilités. Au contraire, la jeune femme se retrousse les manches et finit par gagner, à la sueur de son front, le respect du village et de ses employés. Contrainte de s’endurcir, elle tâche de dominer ses sentiments, afin de dissimuler sa propre vulnérabilité.

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J’ai apprécié la complicité qui la lie à sa dame de compagnie, qui la soutient avec beaucoup de discrétion et de douceur. Gabriel, son berger et ami loyal, n’hésite pas, quant à lui, à la contrarier, à la brusquer même, dans le seul but de lui faire entendre raison et de la protéger d’elle-même. Par fierté, toutefois, elle fait la sourde oreille et ne suit pas toujours les conseils, pourtant judicieux, qu’il ne cesse de lui prodiguer.

 

Comme à chaque fois que je la retrouve sur l’écran, j’ai été bouleversée par le jeu tout en nuances de Carey Mulligan. Sans grande démonstration et parfois d’un simple battement de cils, elle parvient à faire résonner la moindre réplique et à rendre au silence toute sa force, toute sa signification. Matthias Schoenaerts est, lui aussi, d’une simplicité et d’une pudeur extraordinaire. Son personnage, toujours sur la réserve, ne révèle ses émotions qu’au détour d’un regard ou d’un sourire retenu.

Du côté des seconds rôles, j’ai été agréablement surprise par Michael Sheen. D’un abord digne, presque inaccessible, le riche voisin qu’il incarne se change en un être particulièrement touchant lorsqu’il confie ses blessures, son désespoir. Quant à Juno Temple, malgré la rareté de ses apparitions, je l’ai trouvée d’une présence étonnante.

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En conclusion, je ne peux que vous recommander de découvrir au plus vite cette sublime adaptation du classique de Thomas Hardy, dans lequel j’ai désormais hâte de me plonger!

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