[Aime] Alice de l’autre côté du miroir, de James Bobin

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Bonsoir à tous! Une fois n’est pas coutume, l’article du jour sera consacré à une sortie cinéma incontournable: il s’agit en effet d’Alice de l’autre côté du miroir!

Dans cette nouvelle aventure, nous retrouvons les personnages inoubliables des histoires de Lewis Carroll, dont Alice qui retourne dans le fantastique Pays des Merveilles et voyage dans le temps afin de secourir son ami, le Chapelier Fou…

Pour être très honnête, j’ai mis quelques minutes à apprécier le film tant sa première partie m’a déstabilisée. En effet, les personnages de Lewis Carroll, que j’apprécie pour leur énigmatique ambiguïté, m’ont semblé relativement métamorphosés.

Le Chat du Cheshire, d’ordinaire rusé et sibyllin, s’est mué en un mignon matou, aussi duveteux qu’évanescent. Quant au Chapelier, plutôt que toqué, il apparaît tout au plus original et hypersensible.alice1

En dépit de ce parti pris curieusement manichéen, j’ai trouvé l’ensemble des personnages attachant. Ils forment en effet un panthéon de créatures plus adorables les unes que les autres, dont les plus féroces se révèlent avant tout incomprises. L’univers imaginé est indéniablement plus tendre qu’onirique… Même le dessin animé de 1951 se voulait plus subversif!

Une fois cette option scénaristique admise, je me suis trouvée en mesure d’apprécier la proposition et certaines de ses trouvailles éclairées. Ainsi, retrouver une Alice devenue capitaine de voilier m’a beaucoup séduite. Cette héroïne téméraire et affirmée en possède indéniablement l’étoffe!

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Les thématiques de la cause féminine, de la force des liens familiaux et de l’inexorable passage du temps m’ont également beaucoup touchée. Le personnage du Temps, intelligemment incarné par Sacha Baron Cohen, est d’ailleurs l’un des rares à présenter un abord complexe, à l’image du fantastique mécanisme d’horlogerie qui lui sert de demeure.

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Si son interprétation m’a enthousiasmée, je ne peux malheureusement pas en dire autant de celle de la délicate Anne Hathaway, caractérisée par un surjeu constant, ni de celle de Johnny Depp, en petite forme, qui campe un chapelier peu inspiré. Mia Wasikowska reste, elle, d’un naturel désarmant, et Rhys Ifans, méconnaissable dans un rôle secondaire que je vous laisse le soin de découvrir, s’avère une fois de plus excellent.

Enfin, la mise en scène psychédélique et survitaminée ne m’a pas déçue, malgré ma préférence pour la tonalité gothique apportée par Tim Burton dans le premier volet. Les décors sont d’une esthétique archi-soignée et j’ai tout particulièrement apprécié le travail sur les couleurs arborées par le Chapelier.

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En conclusion, faites abstraction de tout ce que vous savez sur le Pays des Merveilles et embarquez pour cette nouvelle aventure, riche en rebondissements et pétrie de jolies valeurs. Vous passerez sans nul doute un agréable moment!

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[Lis] Freaks’Squeele: 1. Etrange université, Florent Maudoux

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Bonsoir à tous! Décidément, les articles se suivent et se ressemblent puisque je reviens vous parler aujourd’hui d’une nouvelle bande dessinée. Cela dit, hormis leur support, ces deux titres ont bien peu en commun… Voyez plutôt!

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À la Faculté des Etudes Académiques des Héros, Chance, Xiong Mao et Ombre entament le cursus qui fera d’eux des super-héros aptes à sauver le monde et ses environs. Du moins l’espèrent-ils !

Ces trois nouvelles recrues vont découvrir les joies de la vie universitaire, la concurrence sans pitié entre étudiants, les professeurs sadiques et le stress des examens…

A la lecture des premières vignettes, j’ai senti pointer le coup de cœur et mon intuition s’est aussitôt vérifiée: j’ai véritablement dévoré cet étonnant premier volume. Florent Maudoux, qui en signe le scénario ainsi que le dessin, parvient à imposer en quelques coups de crayon un univers à la croisée du comics et du manga, aussi hybride qu’immersif. Dès sa première planche, l’ouvrage se révèle proprement impossible à refermer… et l’achat des tomes suivants s’érige soudain en priorité absolue!

J’ai été particulièrement séduite par le choix des personnages principaux: au sein de cette école de redoutables super-héros, l’auteur décide de s’intéresser… aux trois plus mauvais élèves!

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Xiong Mao est une étudiante d’un abord ombrageux et distant, qui se présente d’emblée comme tout bonnement dénuée de pouvoirs particuliers. Chance incarne, elle, la bonne copine, joyeuse et attachante… en dépit des cornes de démon qu’elle porte sur le front. Quant à Ombre, malgré une apparence des plus féroces, il se révèle curieusement timide pour un loup de sa stature!

De leur côté, les personnages secondaires, qu’ils soient camarades de classe ou membres du corps professoral, ont des tempéraments tout aussi affirmés, ce qui laisse présager des épisodes à venir riches en rebondissements. L’identité du mystérieux « Manchot » et son rôle exact dans les événements qui frappent l’académie restent également à éclaircir…

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A l’originalité de la proposition initiale s’ajoute un ton décalé et volontiers humoristique qui nous garantit un excellent moment de détente! Les gags n’entravent toutefois en rien le rythme effréné des aventures de ces apprentis héros, qui surmontent toutes les difficultés sans reprendre une seule fois leur souffle. Les épreuves, dont l’issue n’est jamais prévisible, s’enchaînent et notre improbable trio devra redoubler d’ingéniosité pour venir à bout de ses adversaires les plus coriaces.

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Si vous aimez les mondes parallèles, les personnages atypiques et les intrigues truffées de scènes d’action, je ne peux que vous recommander de découvrir cette innovante série en sept volumes!

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[Lis] Alvin: 1. L’héritage d’Abélard, Régis Hautière et Renaud Dillies

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Bonsoir à tous! Je suis très heureuse de vous proposer aujourd’hui une note de lecture consacrée à une jolie bande dessinée en deux volumes.

Comme vous le constatez, ma résolution de m’intéresser de plus près au neuvième art est toujours bien vivace. Mes découvertes récentes en la matière m’ont d’ailleurs tant séduite qu’elles ne font que m’y inciter davantage!

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Alors qu’il vient d’être séparé de son ami Abélard, l’ours mal léché Gaston traîne son désespoir à New York. Mais rien à faire ! Son karma doit être d’aider les petits êtres en détresse, puisqu’il croise sur son chemin Alvin, un jeune orphelin revêche qu’il prend sous son aile.

Les voilà partis pour un long voyage, accompagnés, pour ne rien arranger, d’un prédicateur fou! Poésie, dialogues truculents et virtuosité graphique se mêlent pour une très belle ode à la différence et à l’entraide.

C’est sur la recommandation de mon libraire spécialisé que j’ai fait la connaissance du personnage de Gaston. J’ai bien conscience d’avoir fait les choses dans le désordre, puisqu’Alvin est en réalité le second cycle des auteurs et qu’il s’inscrit dans la lignée du diptyque intitulé Abélard.

J’aurais aimé pouvoir commencer par cette première série, malheureusement en rupture momentanée, mais j’ai finalement cédé à l’impatience et c’est ainsi que j’ai ouvert L’héritage d’Abélard.

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Les premières planches m’ont déstabilisée: le style graphique, avec ses douces demi-teintes et ses personnages animaliers évoquant l’illustration pour enfants, contraste radicalement avec l’atmosphère dans laquelle les auteurs nous plongent. En effet, Gaston n’a rien d’un ourson de dessin animé: jour après jour, il traîne sa lassitude du chantier de construction au troquet le plus enfumé.

Son seul ami lui fausse de plus en plus souvent compagnie et, comble du malheur, il perd brusquement son unique confidente, Purity. Dans un dernier souffle, celle-ci lui confie ses maigres économies et le charge de prendre soin de son fils unique.

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C’est alors qu’entre en scène le personnage d’Alvin. Décrit par sa nourrice comme un gamin infernal, cet écorché vif se révèle rapidement un enfant attachant, en dépit de son déroutant franc-parler.

Mais que faire de ce garçon? Gaston ne connaît aucune famille à qui le confier, et le remettre à l’assistance publique est tout aussi impensable pour notre héros, qui a promis à Purity de ne jamais laisser un tel cas de figure se produire. Et s’ils étaient destinés à parcourir un bout de chemin ensemble?

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J’ai trouvé cet album, qui ne ressemble à aucun autre, d’une subtilité bouleversante. Au-delà des échanges entre les personnages, ce sont les silences, puissamment évocateurs, que j’ai trouvés poignants.

Les liens qui se nouent entre ces deux êtres, désormais seuls au monde, sont de nature à réchauffer jusqu’au plus endurci des cœurs. Je suis extrêmement impatiente de découvrir le second volet de leur étonnant périple…

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[Lis] L’été où je suis devenue jolie, Jenny Han

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Bonjour à tous! Comme vous le savez déjà si vous me suivez sur Facebook, j’ai accumulé un retard dramatique dans mes notes de lecture.

Il aurait sans doute été plus sage de vous parler aujourd’hui du livre se trouvant en première position dans la file d’attente… mais comme je ne suis pas quelqu’un de raisonnable, j’ai plutôt choisi le tout dernier: L’été où je suis devenue jolie.

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Comme chaque été, Belly, sa mère et son frère passent l’été dans la maison de vacances où séjournent également une amie de la famille, Susannah, et ses deux fils, Conrad et Jeremiah. 

Sous le soleil éclatant, les nuages pointent à l’horizon : Belly tombe amoureuse de l’indifférent Conrad qui accumule les conquêtes sous ses yeux. Et entre les pichets de thé glacé, les baignades nocturnes, le sel de l’océan sur la peau, un drame couve. Belly dont le cœur bat la chamade, sent que quelque chose va changer, pour toujours…

Si j’ai acheté ce roman, c’est avant tout pour son auteur, Jenny Han, que j’apprécie beaucoup depuis que j’ai lu A tous les garçons que j’ai aimés et le recueil Minuit!, dont elle a signé l’une des nouvelles. Je savais que ce titre était son principal best-seller, c’est pourquoi, en le trouvant de seconde main, je n’ai pas hésité un seul instant. Pour tout vous dire, avant de l’ouvrir, je n’en ai même pas lu la quatrième de couverture!

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Ma confiance aveugle a, heureusement, été récompensée. J’ai tout bonnement dévoré d’une traite le premier volume de ce qui, renseignements pris, s’est avéré une trilogie. Le second tome a déjà rejoint ma collection… mais je pense me le réserver pour le mois de juillet, car il fera une lecture de vacances idéale!

En effet, L’été où je suis devenue jolie offre une parenthèse légère et ensoleillée en ce frileux début de printemps. Nous faisons la connaissance d’Isabel, que tout le monde surnomme Belly, alors qu’elle entre de plein pied dans l’âge terrible de l’adolescence. Rien ne lui est épargné: changements physiques, déceptions amicales, premiers émois amoureux, mais aussi premiers adieux…

L’originalité du roman tient dans sa construction: si l’intrigue principale se déroule alors que Belly est sur le point de fêter ses seize ans, les chapitres nous replongent dans ses souvenirs des années précédentes. Cette approche chronologique particulière peut surprendre, mais elle permet de connaître davantage les personnages et, surtout, les relations qui se nouent entre eux, été après été.

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J’ai retrouvé avec plaisir l’écriture fluide et efficace de Jenny Han. Elle offre une voix personnelle à son héroïne qui se révèle, au fil des pages, à la fois mature et pétrie de doutes. Jeremiah et Conrad sont aussi différents que deux frères peuvent l’être, mais j’ai aimé que l’auteur n’instaure aucune rivalité caricaturale entre eux. Steven est sans doute l’élément faible du quatuor. J’espère le voir prendre plus de consistance dans les deux épisodes à venir.

J’ai été touchée par l’amitié inébranlable qui lie Laurel et Susannah. J’ai particulièrement apprécié ces personnages de femmes solidaires, avec leurs approches contrastées et complémentaires de la maternité qui les rendent toutes deux essentielles aux yeux de Belly. Leur vie rythmée par le soleil, dans cette maison en bord de mer où les grains de sable recouvrent le parquet, m’a laissée rêveuse.

Je n’en dirai pas davantage, si ce n’est que j’ai hâte d’emporter L’été où je t’ai retrouvé dans ma valise! Je ne manquerai pas de revenir vers vous afin de vous faire part de mes impressions!

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[Aime] Lush Haul!

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Bonjour à tous et à toutes! Aujourd’hui marque le grand retour des produits Lush sur le blog. Cela fait longtemps que je n’avais plus posté d’avis à leur sujet, mais cela ne signifie pas que j’avais arrêté d’utiliser la marque : au contraire, elle fait toujours partie de mes favorites, particulièrement pour les soins capillaires et ceux du visage.

Je vous propose ce matin un simple compte-rendu de mes achats, et si certains produits vous interpellent, j’envisage de publier des reviews dans les semaines à venir. Cela vous tente?

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Daddy-O / Les fleurs du mâle (Vegan)

Shampooing parfumé à la violette pour réveiller l’éclat des cheveux gris ou blonds.Les Fleurs du mâle contient des jus frais de citron et de citron vert pour faire briller vos cheveux. Il dégage un parfum composé de violette, de bergamote et de rose si sublime que certaines personnes s’en servent comme un gel douche (et aussi sur les cheveux foncés, il faut le savoir).

Yummy Mummy (Vegan)

Ce gel douche au lilas et à l’orange du Brésil vous offre un parfum délicieusement sucré et floral. L’absolu de tonka ajoute une petite touche de caramel et l’huile de géranium apaise et tonifie la peau.

Cosmetic Lad / Mec plus ultra 

Crème hydratante légère et apaisante pour ceux qui ne veulent pas se prendre la tête. Elle sert aussi de crème après-soleil et de crème de coiffage.

 

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Bubblegum Lip Scrub / Fée des lèvres (Vegan)

L’exfoliant pour les lèvres Fée des lèvres est composé de sucre gommant et d’une délicieuse saveur végétalienne de barbe à papa. Il vous débarasse des peaux mortes, vous offrant des lèvres souples et douces à embrasser. Massez simplement sur vos lèvres lorsque vous avez une envie sucrée et léchez-vous les babines pour éliminer le surplus.

Marilyn (Vegan)

Que vous ayez les cheveux naturellement blonds, artificiellement blonds ou quelque part entre les deux, Marilyn ensoleille votre teinte et adoucit vos cheveux en même temps (un luxe des plus rares en effet pour les crinières blondes). Nous utilisons du mucilage de lin pour la douceur et ajoutons beaucoup de camomille, de safran et de jus de citron frais afin de garder votre blondeur aussi lumineuse et magnifique que possible. L’huile d’olive procure de la souplesse à vos cheveux. Vingt minutes avec Marilyn et la paille se transforme en soie, littéralement !

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Connaissez-vous certains de ces produits? Pour ma part, presque tous sont des rachats, mais j’ai hâte de découvrir le gel douche Yummy Mummy, qui est une édition limitée pour la fête des mères.

A bientôt!

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[Lis] Miss Alabama et ses petits secrets, Fannie Flagg

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Bonjour à tous! J’espère que, comme moi, vous passez un agréable dimanche ensoleillé. J’apprécie tellement cette luminosité et ce ciel bleu, annonciateurs du printemps. Pas vous?

Si je semble déborder d’enthousiasme, c’est parce que le roman dont je vais vous parler aujourd’hui a été un formidable coup de cœur. Il faut dire qu’il avait tout pour me plaire

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Birmingham, États-Unis. Ex-Miss Alabama, Maggie Fortenberry a pris une grande décision : elle va mettre fin à ses jours. Elle n’est ni malade ni déprimée, son travail dans une petite agence immobilière est plutôt agréable, mais elle a trouvé malgré tout seize bonnes raisons d’en finir, la principale étant peut-être que, à 60 ans, elle pense avoir connu le meilleur de la vie. Maggie a donc arrêté la date de sa mort et se consacre désormais en toute discrétion à en régler les détails.
Or, peu de temps avant de passer à l’acte, Maggie est invitée par une collègue, Brenda, à un spectacle de derviches tourneurs. La représentation étant dans moins d’une semaine, elle décide, pour faire plaisir à Brenda, de retarder l’ultime échéance.
Elle est alors loin de se douter combien les jours à venir vont être riches en secrets dévoilés et en événements imprévus, lesquels vont lui montrer que l’existence a encore beaucoup plus à lui offrir qu’elle ne le croyait.

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Dès les premières pages, j’ai su que j’allais adorer cette lecture. Je dois dire que j’avais un a priori plus que positif sur l’auteur car, à défaut de m’être déjà plongée dans ses écrits, je garde un souvenir émerveillé de l’adaptation cinématographique de ses Beignets de tomates vertes. Si Miss Alabama propose une intrigue assez différente, j’y ai cependant retrouvé avec bonheur tout le talent de Fannie Flagg.

En premier lieu, le cadre du roman est d’un dépaysement absolu. Birmingham est une ville en plein bouleversement, qui entre dans la modernité quitte à perdre un peu de son charme historique. Heureusement, ses collines restent préservées de cette vague de constructions vertigineuses… Mais pour combien de temps encore?

J’ai un faible pour ces quartiers du Sud des Etats-Unis, avec leurs jolies maisons, leurs petites boutiques et ce sentiment de communauté qui les caractérise. On ressent l’amour que porte Fannie Flagg à cette ville qui, loin d’être fictive, est en réalité celle où elle a grandi. Elle n’élude toutefois pas le passé difficile des lieux, qui ont connu des heures sombres lors du mouvement des droits civiques, dans les années soixante. Cet aspect s’avère parfaitement représentatif du roman, qui trouve l’équilibre parfait entre profondeur et légèreté. Les personnages obéissent d’ailleurs à la même règle.

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Prenons Margaret, par exemple. Au premier abord, elle passe pour la parfaite Southern Belle. Tirée à quatre épingles et toujours cordiale, elle fait l’unanimité autour d’elle. Pourtant, au fil des chapitres, le lecteur s’aperçoit de la complexité de sa personnalité, des questions qui la hantent et des doutes qui la minent.

Néanmoins, je dois admettre que les personnages secondaires lui volent presque la vedette. Ils sont en vérité tout sauf secondaires, car il est impossible de ne pas s’attacher à chacun d’eux autant qu’à Maggie. A titre personnel, j’ai été incroyablement inspirée par l’optimisme et le sens de l’initiative de la surprenante Hazel. J’ai également aimé en découvrir davantage sur Babs Bingington, une rivale sans foi ni loi, qui n’est pas sans rappeler les méchants de contes de fées. Cet art de rendre ses héroïnes aussi touchantes qu’authentiques est indéniablement l’une des qualités majeures de Fannie Flagg, qui s’est cette fois largement inspirée de sa propre vie: de son enfance dans un cinéma aux concours de Miss, sans oublier sa passion pour les belles villas qui l’ont tant fait rêver.

Je croyais que le roman se résumerait à des portraits de femmes entre deux âges, au cœur d’une ville entre deux époques… Je me trompais grossièrement! Quelle surprise quand, très exactement au milieu de l’ouvrage, un basculement s’opère et qu’un mystère surgit du passé. Mon intérêt s’est retrouvé décuplé, et j’ai dévoré la seconde moitié à un rythme effréné!

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En conclusion, je ne peux que vous recommander cet extraordinaire roman américain, qui vous fera passer du rire au larmes pour une inoubliable comfort reading. Vivement la prochaine traduction française de cet auteur, qui devrait paraître en avril au Cherche Midi.

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[Lis] Cherche jeune femme avisée, Sophie Jomain

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Bonjour à tous! Je vous propose ce soir une nouvelle note de lecture, puisque je m’apprête à vous présenter Cherche jeune femme avisée, un roman de Sophie Jomain.

A tort ou à raison, je lis très peu d’auteurs francophones. J’ai un intérêt marqué pour la littérature de Grande-Bretagne et des Etats-Unis, je ne m’en cache pas. Mais ce livre recueille un tel enthousiasme sur la toile que je me suis dit que c’était l’occasion de varier les plaisirs!

Quand il voit débarquer dans son cabinet la ravissante, mais ô combien extravagante Gabrielle Géris, Adrien de Bérail est loin d’imaginer qu’il se laissera convaincre de l’embaucher comme baby-sitter. Veuf et très accaparé par son métier d’avocat, il lui faut de toute urgence une personne capable de prendre soin de ses deux chérubins, Paul et Sophie, tout juste âgés de neuf ans. C’est donc en dépit de ce que lui crie la raison qu’il accepte sa folle candidature.
Une personnalité audacieuse et un toupet incroyable pour un petit mètre soixante sur talons… Qui sait ? La jeune femme pourrait bien se révéler être la perle rare…

Inspiré d’un célèbre conte de Grimm, Cherche jeune femme avisée est plein d’humour et de finesse.

En un mot? Déception! Cruelle et amère déception! Je veux que l’on me rembourse mes 8,90 euro… et qu’on me rende le temps perdu à lire ce piètre semblant de roman.

Et pourtant, tout avait si bien commencé: l’héroïne semble de prime abord attachante et pleine de fantaisie. Elle a étudié l’histoire de l’art, aime les animaux et porte du vintage – je me dis que l’on va bien s’entendre. Mais rapidement, je déchante.

Un gros vilain schéma paternaliste s’instaure: Adrien est un monsieur très riche et très seul, Gabrielle est bien roulée (je n’ai pas encore trouvé l’utilité des multiples descriptions de son corps parfait) et s’occupe à merveille des enfants, comment ne pourraient-ils pas être parfaitement compatibles? Je ne sais d’ailleurs pas lequel des deux m’a le plus insupportée: le patron tyrannique aux principes d’éducation en dépit du bon sens ou l’employée stupide et inconsciente qui n’a aucun sens de la hiérarchie?

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Patron autoritaire… Jeune fille pas très futée… Tiens, tiens, cela vous semble familier? Et oui, Cherche jeune femme avisée, ce n’est rien d’autre que du Cinquante nuances de Grey sans le fouet et les menottes. Mais avec des enfants capricieux et un bal masqué… Et une intrigue secondaire plus que dispensable sur la vie conjugale des parents de Gabrielle.

En outre, le style est d’une pauvreté assez frappante. Alors, certes, je ne m’attendais pas à des alexandrins en cascade, mais difficile de passer outre les tournures de phrase bancales et le vocabulaire subitement vulgaire qui émaille le roman.

La réécriture du conte de Grimm, promesse particulièrement séduisante, reste un mystère. Seule la fin (grotesque) évoque cet antécédent littéraire. Cherche jeune femme avisée mériterait donc plutôt de s’intituler Cherche nounou ascendant maîtresse, option écervelée. 

Un zéro pointé!

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[Aime] Fifty shades of Grey – le film

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Bonjour à tous! Me voici de retour avec un article cinématographique, exercice auquel je ne me suis plus prêtée depuis trop longtemps. Sans beaucoup d’originalité, j’ai eu envie de vous donner mon avis sur l’adaptation de Cinquante nuances de Grey, dont j’avais lu le livre à sa sortie, en anglais.

En guise de préambule, histoire de ne plus trop y revenir par la suite: j’ai détesté le roman. Je l’ai trouvé maladroit, vulgaire, misogyne, extrêmement répétitif et épouvantablement rédigé. Il présente sous un jour glamour une relation dysfonctionnelle, qui heurte mes convictions sur pas mal de points. Son seul mérite a été de combler un vide éditorial et d’être accrocheur, à la Twilight (tiens donc!), sur les cent premières pages.

Je suis allée au cinéma pour la même raison que j’avais acheté le livre: les phénomènes d’une telle ampleur éveillent ma curiosité… et mon esprit critique. Pourtant, contrairement à une majorité de blogueurs, je ne trouve pas que tout soit à jeter dans cette version grand écran.

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Prenons les éléments dans le bon ordre: en premier lieu, quand une adaptation sort au cinéma, les lecteurs se déchirent autour du choix des acteurs. Pour ma part, j’ai trouvé les deux lead particulièrement bien choisis. En réalité, si je n’avais aucun doute sur Dakota Johnson, j’étais plus dubitative au sujet de Jamie Dornan… Mais au final, il m’a semblé plutôt convaincant avec ses œillades lourdes de sens – et son art de porter un costume hors de prix, aussi, je l’admets.

Quant à leur jeu, sans être d’une qualité hors du commun, je l’ai trouvé très correct – commentaire à ajuster lorsque j’aurai vu le film en version originale, car l’accent américain de Jamie Dorman semble en faire sourire plus d’un. Dakota Johnson incarne parfaitement la cruche mal dégrossie, qui ne comprend pas où elle met les pieds et ne se méfie de rien.

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En ce qui concerne la mise en scène, elle correspond exactement à ce que j’en espérais: des images sans prises de risque mais d’une esthétique irréprochable. Le côté clip vidéo (très perceptible dans une scène en particulier), qui peut me déranger quelquefois, se prête cette fois au genre. Le jeu sur les couleurs n’est pas non plus dépourvu d’intérêt. Sam Taylor-Wood se distingue, pour le coup, très nettement de Twilight et de son univers adolescent: le Seattle glacé de Christian Grey ne laisse aucune part au désordre, c’est un monde très adulte et austère, où rien ne dépasse.

J’ai également beaucoup apprécié la soundtrack, ce qui n’est pas très étonnant puisqu’elle est orchestrée par Danny Elfman. Les chansons choisies contribuent à l’atmosphère particulière du film et, outre celles de Beyoncé, les contributions de The Weeknd et Sia sont d’excellents morceaux que je ne me lasse pas de réécouter.

Il ne me reste plus qu’à aborder le scénario… Et pour le coup, on retombe dans le même schéma que le roman: la première heure nous tient en haleine, et la deuxième semble répéter en boucle les mêmes conversations, au sujet des mêmes impasses. L’ennui s’installe. Anastasia est insupportable de niaiserie ; Christian, au lieu de se révéler plus humain, se mue en une sorte de sociopathe complètement hermétique, et on se demande bien où sont passés les personnages secondaires. Sérieusement, la maman d’Ana, tu attends quoi pour réagir?

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En conclusion, à titre personnel, j’ai préféré le film au livre, pour ses images soignées et son aspect distrayant. J’ai ri à plusieurs reprises – peut-être pas aux moments attendus, mais qu’importe.  Est-ce que je verrai la suite? Peut-être pas au prix du billet de cinéma, mais qui sait?

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[Lis] Toutes les couleurs du monde, Giovanni Montanaro

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Bonjour à tous! Je ne sais pas si c’est l’effet de mon modeste bilan 2014, mais en tous les cas, depuis quelques semaines, mon rythme de lecture s’est significativement intensifié. Il faut dire qu’avec le rafraîchissement des températures, j’ai tendance à privilégier les activités d’intérieur et lire un bon roman, bien au chaud, présente alors une saveur toute particulière.

J’en ai donc profité pour déterrer un achat de la rentrée littéraire 2014… Voici ce que j’en ai pensé!

Thérèse Sansonge naît d’une mère folle, un jour de tempête. Nous sommes à la fin du XIX ème siècle, à Geel, surnommé le village des fous car depuis le moyen-âge ceux-ci vivent parmi la population en toute liberté. Les habitants en profitent d’ailleurs pour arrondir leur fin de mois, car Bruxelles envoie une allocation aux familles d’accueil. C’est ainsi que Thérèse, saine de corps et d’esprit mais orpheline depuis la naissance, est déclarée folle pour pouvoir profiter de l’hospitalité de la famille Vanheim.
Elle y mène une vie tranquille et sage. Jusqu’à l’arrivée inopinée d’un vagabond à la tignasse rousse et au regard fiévreux- Vincent Van Gogh.

En toute honnêteté, si j’ai choisi ce roman, c’est principalement pour le personnage de Van Gogh. Pendant longtemps, je ne portais qu’un intérêt modéré envers cet artiste, jusqu’au jour où j’ai dû rédiger un projet consacré à ses autoportraits – une révélation! Comme tant d’autres personnes de par le monde, je suis fascinée par la nervosité de son coup de pinceau, autant que par son destin tragique, c’est pourquoi je n’ai pas pu résister à une telle quatrième de couverture.

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Et pourtant, ce roman ne lui est pas dédié, loin de là. L’héroïne incontestée de cet ouvrage est Thérèse Sansonge, une jeune femme qui, toute sa vie durant, peinera à trouver une place qui lui soit propre. Née d’une mère démente, dans un village qui en compte tant d’autres, obligée de se faire passer pour folle afin de bénéficier d’une protection, elle ne peut que se sentir seule au monde.. Jusqu’au jour où entre dans sa vie une personne qui partage ses questionnements identitaires: Vincent Van Gogh.

Des années après cette rencontre, elle dédie au seul être qui puisse la comprendre une longue lettre, ce qui donne au livre la forme d’un monologue, dont le ton intime évoque la confidence.

Dans une note, occupant les dernières pages de l’ouvrage, l’auteur explique qu’il s’est interrogé sur une période de la vie de Van Gogh dont on ne garde aucune trace. En suivant quelques indices, il a élaboré l’hypothèse d’un séjour à Geel, où les fous vivent parmi les sains d’esprit, et dont nous savons que l’artiste connaissait l’existence. Le reste est une oeuvre de fiction.

En ce qui concerne l’écriture, j’ai particulièrement apprécié l’évocation des couleurs de la Campine belge, tout comme le récit de la naissance de la vocation artistique du peintre à l’oreille coupée. La description du sort réservé aux aliénés est poignante, et la fin du roman ne peut laisser indifférent.

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Je vous recommande ce petit livre d’à peine deux cent pages, si les questions de l’art, de la folie et de l’isolement vous interpellent.

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[Lis] La vie secrète d’Emily Dickinson, Jérome Charyn

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Bonjour à tous! Je suis très heureuse de vous proposer aujourd’hui ma dernière note littéraire de 2014, qui achève cette année en beauté puisqu’il s’agit d’un immense coup de cœur, dévoré en quelques soirées à peine. Si votre curiosité est attisée, cet article est pour vous.

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« Fermer les yeux c’est Voyager », écrit Emily Dickinson en 1870. C’est par ces mots que s’ouvre La Vie secrète de la grande poétesse américaine, réinventée par Jerome Charyn. Du séminaire de Mount Holyoke à la solitude des dernières années, il retrace le destin d’une femme exceptionnelle.
Pourtant ce livre n’est pas une biographie : comme Norman Mailer dans les Mémoires imaginaires de Marylin, Charyn dépasse la légende en lui donnant une voix. Car c’est bien Emily Dickinson que l’on entend, vivante, sensuelle, loin des clichés la réduisant à une recluse excentrique toujours vêtue de blanc.

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Je suis obligée d’admettre que je connaissais bien mal Emily Dickinson avant cette lecture. Je la situais de façon assez imprécise, en raison de son statut de figure majeure de la poésie américaine et de la légende qui l’entoure. Et c’est ce qui m’a donné envie de me plonger dans ce livre, puisqu’il me promettait d’en savoir plus sur ce grand écrivain, tout en m’offrant une divertissante part de fiction. L’auteur insiste bel et bien sur le fait qu’il s’agit d’un roman, non d’une biographie.

Et si le sujet me parlait et que je m’attendais à passer un agréable moment, je me suis rapidement aperçue qu’en vérité, je tenais entre les mains un ouvrage hors du commun. En effet, dès les premières pages, j’ai ressenti la présence presque tridimensionnelle d’Emily, grâce à l’écriture de Jerome Charyn qui nous la rend tangible sous ses multiples facettes.

Le style, tout d’abord, se veut très proche de celui de Dickinson. Un superbe travail sur les mots, sur leur répétition, leurs nuances et leur portée symbolique évoque l’esprit en ébullition permanente d’une poétesse qui se considérait difficilement comme telle. L’auteur nous permet de la sorte de percevoir l’imagination foisonnante de son héroïne, trait propre à l’enfance qu’elle conservera précieusement toute sa vie durant. Dans une langue personnelle, bien loin de tout formatage académique, Jerome Charyn parvient à transmettre au lecteur le moindre état d’âme de l’éternelle jeune fille, dont il présente une vision étonnamment contrastée.

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Fille de bonne famille ayant reçu une éducation ambitieuse pour son époque et enfant chéri de son père, elle possède en effet une part ombrageuse qui, dès son plus jeune âge, l’attire vers une existence en marge. Fascinée par les êtres blessés, torturés, par les hors-la-loi et les hommes en cavale, elle caresse sans cesse l’idée de fuir. Plutôt que sa famille ou son village, ce sont les codes qui lui sont imposés et les attentes que l’on fait peser sur elle qu’elle semble vouloir abandonner.

C’est finalement dans un isolement choisi et croissant qu’elle trouvera une forme d’apaisement. En laissant libre cours à sa créativité débordante et en consacrant sa vie à son art, à ses Trésors, hors de toute contrainte extérieure, elle échappe à cette société de bavardage incessant qu’elle méprise.

Poignant portrait d’une personnalité complexe et incomprise, La vie secrète d’Emily Dickinson rend un vibrant hommage à un écrivain longtemps méconnu et ignoré, qui ne recherchait ni la reconnaissance, ni le succès, mais simplement la liberté.