[Lis] Everything Everything, Nicola Yoon

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Bonjour, chers lecteurs! Je vous propose aujourd’hui une nouvelle note de lecture, dédiée à un grand succès éditorial: Everything Everything, premier roman de Nicola Yoon.

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Ma maladie est aussi rare que célèbre, mais vous la connaissez sans doute sous le nom de « maladie de l’enfant-bulle ». En gros, je suis allergique au monde. Je viens d’avoir dix-huit ans, et je n’ai jamais mis un pied dehors.

Un jour, un camion de déménagement arrive. Je regarde par la fenêtre et je le vois. Le fils des nouveaux voisins est grand, mince et habillé tout en noir. Il remarque que je l’observe, et nos yeux se croisent pour la première fois.

Dans la vie, on ne peut pas tout prévoir, mais on peut prévoir certaines choses. Par exemple, je vais certainement tomber amoureuse de lui. Et ce sera certainement un désastre.

Au moment d’acheter ce livre, je sais seulement deux choses à son propos: la première est que les blogueuses littéraires en sont folles. Un indice indéniable réside dans l’omniprésence de sa jolie couverture sur mon fil Instagram des dernières semaines! La seconde est que, bien que j’ignore parfaitement le sujet dont il traite, il devient très difficile de résister à l’appel de ses sirènes. Je m’empare donc de cet ouvrage, le place immédiatement au sommet de ma pile… et le dévore en à peine trois jours.

Pourtant, à l’issue de cette lecture, mon sentiment général n’est pas aussi enthousiaste que je l’aurais cru. Ce roman ne sera pas un coup de cœur pour moi, même s’il m’a fait passer un agréable moment.

J’ai, d’une part, beaucoup apprécié sa construction et sa mise en page, qui fait alterner des chapitres de longueur traditionnelle à des formes plus brèves, comme des pensées instantanées, semées par la narratrice. Des dessins, des mémos, des transcriptions de discussions en ligne, sont également intégrés au récit et contribuent à la création d’une atmosphère particulière, d’un rythme propre, qui maintiennent l’intérêt du lecteur en éveil.

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Le style de l’auteur est, à mes yeux, l’autre qualité majeure du roman. Par son ton, d’une modernité toute poétique, Nicola Yoon offre une voix très personnelle à Maddy, dont nous nous faisons rapidement un portrait précis: jeune adulte rêveuse, elle doit sa grande imagination à son enfance passée le nez dans les livres et à la réclusion dans laquelle sa maladie la confine.

Pourtant, cette héroïne, qui avait a priori tout pour me plaire, est à l’origine de ma déception. J’ai éprouvé des difficultés à comprendre certaines de ses décisions, je l’ai trouvée inconstante, inconséquente. Si, à la réflexion, je peux attribuer ses mauvais choix à sa méconnaissance des autres et du monde, l’impression que j’ai éprouvée durant la lecture s’apparentait plutôt à un agacement croissant!

Malgré tout, j’ai réellement apprécié l’univers imaginé par l’auteur et l’originalité de sa proposition, et je dois bien admettre que je me suis retrouvée captivée par cette intrigue dont j’ai voulu connaître sans attendre le dénouement. Everything Everything est une lecture imparfaite mais qui me laissera néanmoins un joli souvenir.

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[Lis] Coeurs en travers, Jeff Bartsch

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Bonsoir, amis lecteurs. Je suis heureuse de me vous écrire ce soir au sujet d’un premier roman récemment traduit en français, que j’ai découvert par hasard en librairie. Il s’intitule Coeurs en travers et est signé par l’américain Jeff Bartsch.

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Stanley et Vera sont deux adolescents surdoués et maladroits qui se rencontrent en finale du concours d’orthographe national. Leurs parents forment pour eux des espoirs à la hauteur de leur potentiel: Stanley sera sénateur, Vera mathématicienne. Mais l’autre point commun de nos héros est qu’ils n’ont pas l’intention de s’y conformer.

Le plan de grande évasion de Stanley est d’épouser Vera afin de transformer leur liste de mariage en un petit capital qui lui permettra de s’émanciper financièrement et de poursuivre son seul rêve : devenir le plus grand créateur de mots croisés de tous les temps. Alors qu’il embarque son amie dans sa folle entreprise, il ne néglige qu’un infime détail : la jeune fille est éperdument amoureuse de lui.

Ce qui m’a attirée, à la lecture de cette quatrième de couverture, c’est l’idée d’un roman sentimental à valeur ajoutée. En effet, en lieu et place des sempiternels amoureux transis, l’auteur met ici en scène deux petits génies dont la relation se base sur un gigantesque simulacre!

Comme il est rafraîchissant de rencontrer des personnages principaux forgés au-delà de tout stéréotype! Stanley est un jeune homme au charme ravageur et à l’esprit affûté, qui se sent désemparé face à l’âge adulte. Gavé de connaissances depuis l’enfance, il souhaite plus que tout échapper au parcours académique qui lui tend les bras, afin de vivre de sa seule passion: la rédaction d’ambitieuses grilles de mots croisés.

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Bien qu’éduquée dans le respect des règles et admirative de l’implacable logique des nombres, Vera se sent curieusement attirée par la personnalité subversive de Stanley et son mépris manifeste de l’ordre établi. Si elle accepte son projet de mariage de pacotille, c’est avant tout dans l’espoir de pimenter son existence et de se rapprocher, in fine, de ce garçon qui la fascine.

Ce qui les rassemble, outre leur formidable quotient intellectuel, c’est la complexité de leurs relations familiales. Stan vit dans l’univers clos et artificiel d’un hôtel défraîchi, en compagnie d’une figure maternelle recluse qui fuit toute tentative de discussion. Quant à Vera, elle mène une adolescence faite de déracinements successifs, auprès d’une mère obsédée par sa carrière qui sillonne inlassablement les routes des nombreux états américains.

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La majeure partie du roman s’intéresse aux conséquences de leur union factice. Quels sont les impacts d’un tel coup de folie sur leur entourage, sur leur avenir et, surtout, sur leur relation? Car, bien que leur contrat de mariage soit aussi valide qu’un chèque en bois, les sentiments que se portent nos jeunes héros se font, peu à peu, authentiques. Un amour sincère peut-il naître sur des bases aussi contrefaites?

J’ai beaucoup apprécié cette lecture et l’originalité du parti pris de Jeff Bartsch, qui parvient à intégrer efficacement mathématiques et jeux de lettres à son intrigue. Les ficelles sont indéniables, et l’auteur semble recycler à l’envi la même formule pour faire progresser le fil de l’histoire, mais la qualité des personnages et l’intelligence de l’écriture méritent réellement le coup d’œil. Je vous le recommande!

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[Lis] Sweet Mama’s Café, Elaine Hussey

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Bonjour à tous! Aujourd’hui, je remonte le temps afin de vous parler d’une lecture qui n’est pas ma dernière en date, mais que j’avais néanmoins envie de mettre à l’honneur sur le blog. Il s’agit de Sweet Mama’s Café, d’Elaine Hussey.

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1969, Biloxi.
Le Sweet Mama’s Café. C’est là qu’on peut déguster le meilleur cobbler du Mississippi, cette délicieuse pâtisserie que Sweet Mama, soixante-quinze ans, confectionne depuis cinq décennies. C’est là aussi que vit Sis Blake, auprès de la figure lumineuse et protectrice de sa grand-mère. Un endroit où la jeune femme peut oublier la dureté de la vie, et les responsabilités qui pèsent sur ses épaules depuis ses quatorze ans, depuis la mort de ses parents.
Jusqu’au jour où Sis fait une découverte bouleversante, dans le jardin de Sweet Mama… Pour percer ce mystère et découvrir ce qui est arrivé bien des années plus tôt, elle va devoir plonger dans le passé de sa famille, et arracher au silence les secrets qu’on lui a cachés.

Si vous connaissez mes goûts littéraires, vous comprendrez aisément que ce roman ne pouvait qu’atterrir entre mes mains : il propose en effet une combinaison gagnante de tous les critères susceptibles de me séduire! Mais, comme pour le cobbler, encore fallait-il que ces ingrédients soient dosés avec subtilité, histoire d’éviter l’écœurement…

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Ce qui m’a attirée vers ce titre, en premier lieu, c’est son cadre. C’est l’un de mes péchés mignons de lectrice: je suis incapable de résister à une bonne histoire se déroulant dans le sud des Etats-Unis! Elaine Hussey, qui  a grandi dans une ferme du Mississippi, décrit avec talent sa région natale, où l’arme de prédilection contre l’étouffante chaleur n’est autre qu’un grand pichet de thé glacé bien sucré.

En dépit de son charme évident, Biloxi ne se réduit pas à un décor de carte postale. Cette station balnéaire aux façades colorées est sujette aux tempêtes et aux ouragans les plus violents. Ces conditions climatiques entrent en résonance avec le moment charnière de l’existence où se trouve les protagonistes du roman. Pour chacun d’eux, un coup de tonnerre semble imminent. Reste à savoir s’il sera salvateur ou, au contraire, s’il dévastera tout sur son passage…

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Ce sont justement les personnages qui contribuent, selon moi, à la magie de l’ouvrage. Sis, comme l’indique son surnom, incarne la grande sœur responsable qui veille sur ses proches et les protège jalousement, quel que soit leur âge. Emily, de dix ans sa cadette, est d’un naturel plus insouciant et fleur bleue. C’est elle qui a repris la cuisine du café, depuis que l’état de santé de sa grand-mère décline et que sa mémoire se fait chaque jour plus défaillante.

Sweet Mama peut, fort heureusement, compter sur la sympathique Beulah, son amie et alliée de toujours. Mais l’amour et la bienveillance dont ces femmes font preuve suffiront-ils à guérir Jim de ses blessures physiques et psychiques, alors qu’il vient tout juste de rentrer du Vietnam? Ensemble, parviendront-ils à triompher de l’adversité et à tirer un trait sur un passé aussi secret que douloureux?

En conclusion, si les personnages touchants et la force des relations familiales vous intéressent, je vous recommande vivement ce roman!

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[Lis] Aurora Teagarden – 1. Le club des amateurs de meurtres, Charlaine Harris

Bonjour à tous! J’espère que vous vous portez bien et que la tempête des derniers jours ne vous a pas causé trop de tracas. En ce qui me concerne, je me trouvais à l’étranger, mais un vent intense était également de la partie.

Aujourd’hui, c’est décidé: je reste à la maison, j’allume une bougie parfumée et je vous écris à propos du premier volume d’une saga policière que je viens de découvrir!

Chaque petite ville a ses mystères et Lawrenceton, en Georgie, n’échappe pas à la règle. Le club des Amateurs de meurtres se réunit une fois par mois pour étudier de célèbres cold cases. Pour Aurora Teagarden, jeune bibliothécaire, c’est un passe-temps aussi agréable qu’inoffensif… Jusqu’au jour où elle découvre le corps sans vie d’une des membres du cercle.

Étrangement, la scène du crime ressemble à une ancienne affaire. Des fidèles du club sont assassinés et ces meurtres ont des allures de copycat. Tous les membres, y compris Aurora, sont des coupables plausibles, et des victimes potentielles. Qui se cache derrière ce jeu macabre ?

Si vous êtes un peu observateurs, vous aurez constaté que je ne lis jamais de polar car, autant j’apprécie le genre sur grand écran, autant, au moment d’ouvrir un roman, je recherche avant tout la détente et l’évasion. En tant que lectrice nocturne, j’ai tendance à fuir les univers qui risqueraient de venir me hanter pendant mon sommeil!

Pourtant, Le club des amateurs de meurtres est parvenu à éveiller mon intérêt, et pour une raison toute simple: j’ai vu, et apprécié, le téléfilm Hallmark inspiré par les romans. J’ignorais alors qu’il s’agissait de l’adaptation d’une série littéraire en huit volumes dont Charlaine Harris, plus connue pour avoir écrit La communauté du Sud, était l’auteur!

J’ai retrouvé dans ce premier tome chacun des éléments qui m’avaient séduite dans la version télévisée. Tout d’abord, la narratrice n’a rien d’un lieutenant de police ou d’un détective privé: Aurora, que tout le monde surnomme Roe, est une bibliothécaire tout ce qu’il y a de plus ordinaire… à une exception près: durant son temps libre, la jeune femme se passionne pour les affaires criminelles non résolues!

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Si un tel loisir peut surprendre, il n’a rien de très excentrique à Lawrenceton où un authentique Club des amateurs de meurtres a vu le jour et permet, lors de ses assemblées, à un participant de présenter une enquête qu’il soumet ensuite au débat. Le cercle passe alors au crible le moindre indice, la moindre zone d’ombre et élabore de nouvelles hypothèses au sujet des plus inquiétants tueurs en série de l’histoire!

Leur expertise est toutefois mise à l’épreuve lorsque l’un des membres est retrouvé assassiné, quelques minutes avant l’ouverture d’une réunion du club. Rassemblés sur les lieux du drame, les amateurs de meurtres deviennent alors les suspects de cette angoissante partie de Cluedo. Le mobile est-il le règlement de compte? Ou s’agit-il, au contraire, d’un crime passionnel?

Rien n’est moins sûr pour Aurora qui, alors qu’elle se remet à grand peine de cette macabre découverte, est subitement assaillie par un sentiment de familiarité. C’est indéniable: le meurtre reproduit trait pour trait l’affaire qui faisait l’objet de l’exposé du jour! Et il n’est que le premier d’une longue série…

Le roman pourrait alors prendre la voie du policier traditionnel, mais entre la vie de la bibliothèque, celle du voisinage et les hésitations sentimentales de notre héroïne, l’intrigue mêle mystère et romance pour une lecture aussi légère qu’imprévisible.

Les puristes pourraient ne pas y trouver leur compte, mais en ce qui me concerne, j’ai déjà hâte de me plonger dans les volets suivants!

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[Lis] Nulle et Grande Gueule, Joyce Carol Oates

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Bonsoir, chers lecteurs! Je suis tout particulièrement heureuse de vous écrire ce soir, car le roman dont je m’apprête à vous parler m’a fait si forte impression que je le qualifie sans hésitation de premier coup de cœur de l’année 2016! Voilà qui donne le ton – et qui place la barre très haut pour les onze mois à venir!

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Elle c’est Ursula – Parce qu’elle est grande, très grande, mal dans sa peau, Ursula se surnomme elle-même la Nulle. C’est pourtant, à seize ans, une belle fille, intelligente et d’une volonté peu commune. Solitaire, indépendante, elle ne ressemble pas aux autres.

Lui c’est Matt – Doué, drôle, c’est un garçon brillant, apprécié de tous. Il aime faire rire, il parle haut et fort. Trop parfois. Le jour où l’une de ses plaisanteries tombe dans les mauvaises oreilles, les événements s’enchaînent, prenant une tournure de plus en plus dramatique. Seule Ursula ne cède pas à la rumeur…

Quand je suis tombée sur ce roman, rangé au rayon jeunesse de ma librairie, j’ai dû y regarder à deux fois. Joyce Carol Oates, l’immense poétesse américaine à la plume sombre et torturée, auteur d’un roman pour adolescents? Quelle épatante découverte! Inutile de vous préciser que je n’ai pas hésité un seul instant et que je me suis emparée de ce livre… pour ne le reposer qu’une fois achevé.

Et, bien que ce ne soit pas une opinion très populaire au sein de la communauté de ses lecteurs, je dois me rendre à l’évidence: Nulle et Grande Gueule est sans doute mon titre favori de l’écrivain. Sous des dehors anodins, il a résonné en moi comme seule une poignée d’ouvrages y étaient parvenus jusqu’alors.

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La force qui se dégage des personnages y est indéniablement pour beaucoup. En effet, dès les toutes premières pages, je me suis sentie proche des protagonistes de l’intrigue, alors que rares sont les romans à deux voix qui réussissent à me convaincre de la sorte. Le plus souvent, l’une des destinées m’interpelle au détriment de l’autre, et je me surprends à frémir d’impatience pendant la moitié de la lecture. Nous sommes ici bien loin de ce regrettable cas de figure.

Ursula est d’ailleurs l’une des narratrices les plus touchantes que j’ai pu rencontrer. Sa grande sensibilité, qui semble contredite par la robustesse de sa silhouette, la rend vulnérable et l’incite à s’inventer un alter-ego bravache et insouciant, qu’elle baptise secrètement la Nulle. Si cette construction de l’esprit fait d’elle une sportive accomplie et une personnalité forte de son lycée, elle n’en demeure pas moins un mensonge, qui nuit à ses relations amicales autant qu’à son estime personnelle.

De son côté, Matt est un garçon bien intégré, dont les excellents résultats scolaires n’entravent en rien la popularité. Son arme n’est autre qu’un humour ravageur qui, contre toute attente, se révélera brutalement à double tranchant. Une plaisanterie maladroite, prononcée devant les mauvaises personnes, et le voilà subitement mis au ban de la communauté bien-pensante de Rocky River. Au-delà de sa vie de lycéen, c’est  son existence entière qui vole alors en éclats.

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Ce roman m’a successivement amusée, interpellée, révoltée et bouleversée. L’injustice de l’épouvantable malentendu qui s’abat sur Matt suscite la réflexion et ne peut laisser aucun lecteur indifférent. Nos deux héros, en butte à l’incompréhension de leurs proches, à l’égoïsme de leurs parents et à l’aversion du reste du monde, incarnent des âmes pures que nous aimerions voir épargnées de telles épreuves.

Fort heureusement, si le constat que dresse l’auteur de la société est loin d’être brillant, l’amitié qui unit Matt et Ursula apporte au roman une contagieuse note d’espoir qui réchauffera les cœurs les plus meurtris.

Quel que soit votre âge, je ne peux que vous recommander cette belle lecture qui, en à peine 200 pages, risque bien de ne pas vous laisser indemne.

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[Lis] La dernière réunion des filles de la station service, Fannie Flagg

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Bonsoir à tous! J’espère que vous vous portez bien et que ce début du mois de janvier se déroule selon vos souhaits. Je suis très heureuse de vous proposer une note littéraire ce soir, consacrée au dernier roman traduit en français de l’inégalable Fannie Flagg!

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Point Clear, Alabama. Après avoir marié la dernière de ses filles, Sookie Poole aspire à un repos bien mérité… Mais elle doit encore compter avec sa mère, l’incroyable Lenore Simmons Krackenberry qui, à 88 ans, épuise les infirmières à domicile les unes après les autres. Si certains de ses coups d’éclat récents peuvent laisser penser qu’elle souffre de démence, le diagnostic n’est pas aisé à établir car, toute sa vie, son comportement a été des plus excentriques.

Le jour où un mystérieux interlocuteur révèle à Sookie un secret parfaitement inattendu, son existence vole véritablement en éclats. Sookie va alors se mettre sur la piste d’une femme d’exception, Fritzi, qui, en 1940, tenait avec ses trois sœurs une station-service dans le Wisconsin…

C’est en dressant mon bilan de l’année 2015 que je me suis aperçue que, sans doute trop prise par les festivités de saison, j’avais oublié de vous parler de ce roman. Sa lecture remonte désormais à plusieurs semaines, mais je vais tâcher de lui consacrer l’article complet qu’il mérite.

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Car, sans réelle surprise, La dernière réunion des filles de la station service a été pour moi une très jolie découverte. Si certains de ses titres sont plus particulièrement chers à mon cœur, les récits de Fannie Flagg ne m’ont toutefois jamais déçue. Et avant même d’en parcourir le premier chapitre, je sais déjà avec précision quelles sont mes attentes de lectrice.

La première est une plongée dans une charmante bourgade du sud des Etats-Unis. L’auteur dépeint son Alabama natal avec tant de tendresse qu’il est impossible de ne pas en tomber amoureux! Cette fois, la ville de Point Clear n’est pas un personnage à proprement parler, mais elle incarne tout de même un cadre enchanteur, avec ses adorables restaurants et ses habitants extravagants.

Car mon second espoir, au moment d’ouvrir un Fannie Flagg pour la première fois, est de faire la connaissance de personnages aussi attachants que les protagonistes de ses romans précédents. Sookie l’est indéniablement, en dépit de son tempérament complaisant et de sa personnalité incertaine. En vérité, c’est précisément ce qui la rend aussi touchante: à l’âge où les grands accomplissements de l’existence font bien souvent partie du passé, Sookie s’aperçoit qu’au-delà de son rôle de fille, d’épouse et de mère irréprochable, elle ignore tout bonnement qui elle est réellement.

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Malgré tout, je dois admettre que ce sont les aventures de Fritzi et des épatantes soeurs Jurdabralinski qui font, à mes yeux, l’entière réussite du roman. Quelles destinées à couper le souffle! Leur détermination et leur ténacité feront d’elles de véritables héroïnes durant les heures les plus sombres du vingtième siècle. L’auteur rend, par ce biais, un hommage mérité à ceux et celles qui, loin des champs de bataille, ont œuvré aussi discrètement qu’efficacement pour la paix.

Et c’est une qualité que j’aime retrouver chez Fannie Flagg: au détour de sympathiques portraits, elle nous suggère des questions fondamentales et nous invite, telle une confidente, à la réflexion. Ici, ce sont les thématiques de l’identité, du lien filial et du sens de la réussite qui sont au centre des préoccupations qu’elle nous soumet.

Je n’en dirai pas davantage pour éviter de vous dévoiler la suite de l’intrigue, mais je ne peux que vous recommander cet ouvrage, ainsi que tous ceux de l’auteur, pour le réconfort bienvenu qu’ils apportent et les personnages inoubliables qu’ils nous permettent de connaître.

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[Lis] Le vol des aigrettes, Sue Monk Kidd

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Bonsoir à tous! Cela fait déjà deux bonnes semaines que j’ai terminé ce joli roman… et, si l’on prend en considération ma modeste mémoire, il devient désormais urgent de vous en toucher quelques mots ici! Ne perdons pas un seul instant: place à la quatrième de couverture!

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A une époque de ma vie où j’étais avant tout l’épouse de Hugh et la mère de Dee, l’une de ces femmes pas ambiguës pour deux sous, n’ayant aucune envie de troubler l’ordre du monde, je suis tombée amoureuse d’un moine bénédictin…

Ainsi commence l’histoire de Jessie, qui voit sa vie bouleversée à quarante-deux ans, en retournant sur l’île de son enfance, au large de la Caroline du Sud.

Après Le Secret des abeilles, son incroyable best-seller qui s’est vendu à plus de cinq millions d’exemplaires aux États-Unis, Sue Monk Kidd décrit dans ce beau roman les désirs d’une femme qui doute, nous révélant ainsi le véritable sens de l’amour, la tentation du risque, et le pouvoir du pardon.

Ce qui m’a donné envie de découvrir ce titre, ce n’est d’abord pas son résumé – pourtant attirant -, ni même sa très jolie illustration de couverture, mais bien son auteur. Paradoxalement, je n’avais encore rien lu de Sue Monk Kidd, mais je gardais un souvenir émerveillé de l’adaptation cinématographique de son best-seller, Le secret des abeilles.

Tomber par hasard sur ce roman me donnait dès lors l’occasion de rattraper le temps perdu! C’est donc à peine si je l’ai feuilleté avant de me décider à l’emporter. Bien souvent, ce genre d’achat impulsif se solde par une déception… Cette fois, c’est fort heureusement l’inverse qui s’est produit!

Ma première agréable surprise fut de découvrir que le titre original – The Mermaid Chair – évoquait l’une de mes créatures mythiques favorites, la sirène. En étant plus attentive, je me serais aperçue que la couverture y faisait déjà allusion. En effet, le personnage de la sirène et son élément naturel, l’eau, servent en quelque sorte de fil rouge au récit que nous raconte Jessie, sur le ton de la confidence.

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Lorsque débute le roman, notre héroïne se trouve prise au piège d’une existence monotone, qu’elle a le sentiment de ne pas avoir réellement choisie. Sous des dehors de vie de famille idéale, la soif de nouveaux horizons qui l’étreint se fait ressentir de manière de plus en plus pressante.

Une première prise de conscience survient avec le départ de sa fille unique pour l’université… mais c’est lorsqu’elle reçoit d’inquiétantes nouvelles de sa mère, Nelle, que Jessie décide véritablement de prendre, seule, son envol et de rejoindre sa terre natale.

Nous embarquons avec elle sur un ferry en direction de l’Île aux Aigrettes, un lieu hors du temps où les habitants, appelés les « binyas », se déplacent en voiturette de golf. Nous y faisons la connaissance de personnages attachants, comme Kat, amie fidèle de Nelle et mère de Benne, seule insulaire capable de communiquer avec son éternelle mascotte, un labrador noir qui accueille joyeusement les touristes à l’embarcadère.

C’est dans ce paysage idyllique, où se mêlent folklore local et croyances anciennes, qu’un lourd secret de famille refait surface. Jessie devra lever le voile sur ce mystère pour guérir des blessures du passé et, enfin, se reconstruire. Sa rencontre avec le Frère Thomas, intrigué lui aussi par cette énigme mystique et par l’histoire de la sirène Asénora devenue sainte patronne des lieux, la mettra sur la voie…

J’ai été charmée par cet ouvrage, que j’ai lu en seulement quelques jours. Sue Monk Kidd nous dépeint avec nuance le parcours d’une femme qui aurait tout pour être heureuse, mais qui souffre du manque de réponses aux questions qui la hantent depuis l’enfance.

J’y ai retrouvé un esprit proche des romans de Fannie Flagg, caractérisés par une légèreté apparente qui masque des questions identitaires et relationnelles plus profondes. Le vol des Aigrettes  a été adapté en téléfilm sous le titre de La légende de Sérenna… Si j’ai l’opportunité de le regarder, je vous ferai immanquablement part de mes impressions!

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[Lis] Conversion, Katherine Howe

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Bonjour à tous! Je suis de retour aujourd’hui avec une note de lecture consacrée au roman qui m’a accompagnée jusqu’à Halloween: il s’agit de Conversion, de Katherine Howe.

J’aurais aimé poster mon article le jour J, mais les préparatifs de notre grande soirée déguisée ont pris le pas sur toute autre activité! Je prends donc le parti de publier cet avis a posteriori, ce qui me permet de prolonger l’atmosphère de cette fin de mois d’octobre que j’apprécie tant.

 

Colleen, Deena, Emma et Anjali sont en terminale dans le prestigieux lycée St Joan. Comme ses camarades, Colleen est obsédée par les procédures d’admission des plus grandes universités du pays. Un jour de janvier, une de ses camarades est prise de convulsions et se trouve rapidement suivie d’autres élèves présentant des symptômes aussi étranges. Alors que la presse s’empare de l’affaire, un vent de panique souffle sur St Joan.

Mais pas question pour Colleen de se laisser déstabiliser : elle doit travailler sur la pièce Les Sorcières de Salem, d’Arthur Miller. Et ses recherches la mènent en 1692, au moment du procès des sorcières, à la rencontre d’Ann Putman qui fit semblant d’être ensorcelée.

Les époques se croisent, les drames se nouent. Qu’arrive-t-il aux élèves de St Joan ? Et si la réponse se trouvait dans le passé, trois siècles plus tôt ?

Comme vous le savez peut-être déjà, j’ai un faible pour les personnages de sorcières, contemporaines ou historiques. Ce roman, qui est une fiction inspirée à la fois d’événements de 2012 et des célèbres procès du XVIIe siècle, semblait donc tout indiqué pour la lectrice que je suis. Et pourtant, il n’est finalement que peu question de sorcellerie, que cela soit dans les chapitres principaux ou dans les interludes consacrés au passé.

En effet, Conversion se centre avant tout sur des faits réels et récents qui ont frappé un lycée de l’état de New-York: de manière subite et simultanée, une vingtaine de personnes (principalement des étudiantes) ont été frappées de manifestations médicales diverses et inexpliquées. Ce phénomène a été baptisé par la presse la « maladie mystère ».

Katherine Howe s’est emparée de ce fait divers qui a défrayé la chronique, en choisissant de l’aborder selon le point de vue d’une camarade de classe de la première victime. Et si les protagonistes forment une bande de copines âgées d’à peine 17 ans, le moins que l’on puisse dire est que l’insouciance ne les caractérise en rien.

Les jeunes filles sont en réalité constamment soumises à des pressions, qu’elles soient scolaires ou parentales, qu’elles résident dans le regard des autres ou dans leur propre acceptation d’elles-mêmes. Alors qu’elles ne sont pas encore majeures, elles subissent un niveau de stress insoupçonné et pourtant symptomatique de notre époque, son rythme haletant et son esprit de compétition omniprésent.

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Cette atmosphère pesante est-elle responsable du mal qui les frappe une à une? La cause est-elle, au contraire, liée à un facteur environnemental? A moins que la genèse du phénomène ne soit de nature paranormale?

Le récit fait alterner le temps présent avec le début des années 1800 où Ann, témoin des procès de Salem, revient sur ses déclarations et lève le voile sur les circonstances qui ont incité les jeunes filles à accuser leurs voisines de sorcellerie. J’ai apprécié l’ancrage historique de ces chapitres, qui offrent un éclairage intéressant sur cette saga juridique toujours auréolée de mystère.

Si ces interludes ont, malheureusement, entraîné quelques longueurs, ils restent, selon moi, les passages les mieux rédigés du roman. J’ai, effectivement, moins apprécié le style des chapitres narrés par Colleen. Durant les premières pages, le ton teenager dont se pare la plume de l’auteur m’a paru artificiel et presque agaçant, mais je dois bien reconnaître que, l’intrigue aidant, je n’y ai rapidement plus prêté attention.

Dans l’ensemble, j’ai beaucoup apprécié cette lecture. Si je n’y ai pas retrouvé autant de magie que je l’aurais souhaité, j’ai néanmoins été captivée par l’énigme médicale présentée, comme par la nouvelle interprétation des événements de Salem que Katherine Howe nous propose.

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[Lis] Comment se dire adieu, Laurie Colwin

Bonsoir à tous!  C’est avec un peu de retard que je vous propose ce soir une nouvelle note de lecture, consacrée à un roman trouvé par hasard en bouquinerie: Comment se dire adieu?, de Laurie Colwin.

A vingt ans et quelque, Geraldine Coleshares, plaque sa thèse sur Jane Austen ou la guerre des sexes, pour être la première danseuse blanche du plus grand groupe rythm and blues de tous les temps : Ruby Tremblay & les Tremblettes.

Difficile, dix ans plus tard, de répondre aux questions des amis très chics de son mari avocat, même quand on a travaillé (un peu), fait un bébé (génial), trouvé un amant (juste un soir). Car Geraldine, elle, hésite encore : diva pop noire ou juive d’Europe centrale d’avant l’Holocauste, ça lui plairait bien.  

 

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Comme je vous l’écrivais à l’instant, je ne connaissais rien de cet ouvrage, ni de son auteur, mais je me suis sentie attirée par la jolie couverture et par la promesse d’un personnage un peu perdu face à l’âge adulte et les attentes sociales qui y sont bien souvent associées.

Ma première impression fut la bonne: c’est exactement le point focal du roman, qui repose presque entièrement sur les épaules de sa narratrice. Ce parti pris se révèle à double-tranchant, car Geraldine, avec ses hésitations continuelles et ses questionnements existentiels, risque de susciter des sentiments assez tranchés chez le lecteur. Heureusement, pour ma part, le charme a opéré et je me suis prise d’affection pour cette jeune femme en quête de sens.

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Si vous vous attendez à une plongée dans l’univers musical des seventies, vous risquez fort d’être déçus. En effet, bien que des références, des souvenirs et des anecdotes émaillent le roman, seuls les premiers chapitres sont véritablement consacrés à la vie de choriste de Geraldine – et ils sont narrés a posteriori. Le récit se centre plutôt sur son existence après la tournée et sur sa difficulté à retrouver un mode de vie plus conventionnel.

Car, alors que la plupart des tremblettes envisagent leur participation au groupe comme un emploi éphémère, qu’elles quittent d’elles-mêmes pour poursuivre leurs véritables aspirations, notre narratrice considère, au contraire, sa brève carrière musicale comme ses meilleures années et a bien du mal à rebondir, une fois évincée de la scène.

Geraldine ne sait, en vérité, absolument pas ce qu’elle veut faire de sa vie. Elle n’a pas de réelles ambitions professionnelles, ni de forte envie de fonder une famille. Habituée, depuis l’enfance, à décevoir sa mère, elle ne semble trouver un sens à ses actes que dans un certain mépris des conventions. Certes, elle se marie, mais la cérémonie se déroule dans le secret le plus total, et quand elle prend un emploi, c’est dans un quartier réputé dangereux, que sa famille désapprouve.

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De toute façon, notre héroïne a bien compris qu’il est impossible de satisfaire tout le monde. Ce constat se cristallise au moment de la naissance de son fils, qui entraîne un flot ininterrompu de conseils contradictoires et de jugements à peine voilés.

Heureusement, Geraldine peut alors compter sur une autre maman rebelle, Ann, dont la mèche verte et la surconsommation de caféine attirent instantanément la narratrice. Leurs réunions, souvent clandestines, ont constitué mes passages favoris de tout le roman. Leur regard lucide et hautement sarcastique sur la maternité et sur le monde qui les entoure m’a beaucoup amusée.

En conclusion, Comment se dire adieu? est une jolie découverte et une agréable surprise, qui me donne envie de mettre la main sur d’autres titres de cet auteur!

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