[Aime] Alice de l’autre côté du miroir, de James Bobin

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Bonsoir à tous! Une fois n’est pas coutume, l’article du jour sera consacré à une sortie cinéma incontournable: il s’agit en effet d’Alice de l’autre côté du miroir!

Dans cette nouvelle aventure, nous retrouvons les personnages inoubliables des histoires de Lewis Carroll, dont Alice qui retourne dans le fantastique Pays des Merveilles et voyage dans le temps afin de secourir son ami, le Chapelier Fou…

Pour être très honnête, j’ai mis quelques minutes à apprécier le film tant sa première partie m’a déstabilisée. En effet, les personnages de Lewis Carroll, que j’apprécie pour leur énigmatique ambiguïté, m’ont semblé relativement métamorphosés.

Le Chat du Cheshire, d’ordinaire rusé et sibyllin, s’est mué en un mignon matou, aussi duveteux qu’évanescent. Quant au Chapelier, plutôt que toqué, il apparaît tout au plus original et hypersensible.alice1

En dépit de ce parti pris curieusement manichéen, j’ai trouvé l’ensemble des personnages attachant. Ils forment en effet un panthéon de créatures plus adorables les unes que les autres, dont les plus féroces se révèlent avant tout incomprises. L’univers imaginé est indéniablement plus tendre qu’onirique… Même le dessin animé de 1951 se voulait plus subversif!

Une fois cette option scénaristique admise, je me suis trouvée en mesure d’apprécier la proposition et certaines de ses trouvailles éclairées. Ainsi, retrouver une Alice devenue capitaine de voilier m’a beaucoup séduite. Cette héroïne téméraire et affirmée en possède indéniablement l’étoffe!

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Les thématiques de la cause féminine, de la force des liens familiaux et de l’inexorable passage du temps m’ont également beaucoup touchée. Le personnage du Temps, intelligemment incarné par Sacha Baron Cohen, est d’ailleurs l’un des rares à présenter un abord complexe, à l’image du fantastique mécanisme d’horlogerie qui lui sert de demeure.

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Si son interprétation m’a enthousiasmée, je ne peux malheureusement pas en dire autant de celle de la délicate Anne Hathaway, caractérisée par un surjeu constant, ni de celle de Johnny Depp, en petite forme, qui campe un chapelier peu inspiré. Mia Wasikowska reste, elle, d’un naturel désarmant, et Rhys Ifans, méconnaissable dans un rôle secondaire que je vous laisse le soin de découvrir, s’avère une fois de plus excellent.

Enfin, la mise en scène psychédélique et survitaminée ne m’a pas déçue, malgré ma préférence pour la tonalité gothique apportée par Tim Burton dans le premier volet. Les décors sont d’une esthétique archi-soignée et j’ai tout particulièrement apprécié le travail sur les couleurs arborées par le Chapelier.

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En conclusion, faites abstraction de tout ce que vous savez sur le Pays des Merveilles et embarquez pour cette nouvelle aventure, riche en rebondissements et pétrie de jolies valeurs. Vous passerez sans nul doute un agréable moment!

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[Lis] Oscar et la dame rose, Eric-Emmanuel Schmitt

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Il n’y a que très peu de facteurs qui peuvent se dresser entre un bon livre et moi… Et chacun d’eux est lié à l’un des préjugés de lectrice dont j’essaie tant bien que mal de me défaire.

Le premier est mon injustifiable réticence à l’égard de la littérature francophone. Je l’admets, je suis plus facilement séduite par la prose délicieusement exotique des auteurs anglo-saxons. En seconde place se trouve mon incorrigible méfiance à l’égard des ouvrages universellement acclamés. A mes yeux, rien n’est plus suspect qu’une oeuvre qui plaît à tout le monde!

Pour ces raisons, Oscar et la dame rose n’avait pas la moindre chance de me tomber un jour dans les mains… Et pourtant, près de quatorze ans après sa date de publication, le miracle s’est finalement produit!

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Oscar a dix ans et il vit à l’hôpital. Même si personne n’ose le lui dire, il sait qu’il va mourir. La dame rose, qui le visite et qui croit au ciel, lui propose, pour qu’il se sente moins seul, d’écrire à Dieu. Voici les lettres que le garçon lui adresse. 

Elles décrivent douze jours de la vie d’Oscar, douze jours cocasses et poétiques, douze jours pleins de personnages drôles et émouvants. Ces douze jours seront peut-être les derniers. Mais, grâce à Mamie Rose, qui noue avec Oscar un très fort lien d’amour, ils seront certainement inoubliables.

 

Comme vous vous en doutez désormais, je ne m’attendais pas franchement à apprécier les aventures d’Oscar. Je craignais un enchaînement de poncifs, mâtinés de bons sentiments, avec une fin tire-larmes comme je les déteste. En réalité, et à mon grand étonnement, ce petit roman de moins de cent pages n’a pas usurpé l’estime universelle qui semble lui être portée.

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Oscar ne ressemble pas aux gamins des collectes de fonds télévisées, ceux qui, impassibles et courageux, affrontent la mort avec une sérénité qu’envient leurs aînés. Espiègle et turbulent, il entre en guerre contre les adultes et la pitié qu’ils témoignent à son égard. Le changement qu’il observe dans le regard de ses parents, en particulier, le consterne au plus haut point. Aux yeux de tous, il est désormais un martien, et qui n’en a plus pour très longtemps de surcroît.

C’est alors qu’il croise la route de Mamie Rose, une visiteuse d’hôpitaux qui tient son surnom de son âge avancé et de la blouse qu’elle porte et qui la différencie du personnel infirmier. Hormis ses évidentes qualités d’écoute, cette dernière surprend Oscar par son caractère irrévérencieux, ses folles anecdotes de jeunesse et sa façon de le traiter comme un être humain à part entière.

Loin de le dorloter ou de chercher à l’épargner, Mamie Rose n’hésite pas à le bousculer pour l’inciter à vivre chaque jour comme le dernier. Avec une subtilité qui lui est propre, elle soumet à Oscar des questionnements sur le sens de la vie, mais aussi sur celui de la souffrance et de la mort. En une douzaine de jours, et presque autant de lettres, ils mènent ensemble un parcours initiatique aussi accéléré que bouleversant.

Pour autant, l’ouvrage n’a rien d’une tragédie. L’humour sans concession d’Oscar et le franc-parler de la dame rose apportent au roman autant de spontanéité que de légèreté.

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Ce sont ces qualités, et tant d’autres, que j’espérais retrouver dans le film de 2009, réalisé par Eric-Emmanuel Schmitt en personne. Toutefois, si le roman m’a positivement étonnée, mon sentiment à l’égard de cette libre adaptation est diamétralement opposé.

Bien que certaines trouvailles scénaristiques, telles que l’utilisation des ballons de baudruche, m’aient séduite, j’ai trouvé l’immense majorité des modifications apportées à l’intrigue vides de sens. Pourquoi métamorphoser la tendre Mamie Rose en une quadragénaire désabusée, acerbe et colérique? Et surtout: pour quelle raison faire de ce personnage, curieusement remanié au point d’en être dénaturé, l’héroïne de l’histoire… quand tout son intérêt est d’être racontée depuis le point de vue d’un enfant de dix ans?

Dans cette version cinématographique burlesque et dépourvue de nuance, les non-dits s’effacent et la magie n’opère plus. L’essentiel du roman m’est apparu dilué dans une mise en scène grandiloquente et un surjeu permanent de la plupart des acteurs. Seul Amir Ben Abdelmoumen, d’un naturel désarmant, fait honneur à son alter-ego de papier.

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En conclusion, si vous faites partie des rares lecteurs à ne pas encore avoir cédé au charme d’Oscar, ne résistez pas davantage! En ce qui concerne le film, par contre, il ne mérite définitivement pas que l’on s’y attarde!

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[Aime] Penelope, de Mark Palansky

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Rares sont les films que j’apprécie dès leur sortie mais auxquels je m’attache encore davantage avec le temps. Celui dont j’ai envie de vous parler ce soir fait partie de ces titres qui, à l’opposé des oubliables productions hollywoodiennes en série, possède un authentique supplément d’âme : il s’agit de Penelope.

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Notre héroïne est une jeune aristocrate qui a, bien malgré elle, pris un mauvais départ dans l’existence : à la suite d’une obscure malédiction ayant frappé l’un de ses ancêtres, l’enfant se trouve dès la naissance dotée d’un groin et d’abominables oreilles de porc. A la maternité, ce sont d’ailleurs les hurlements de la mère, plutôt que ceux du nouveau-né, qui font trembler les murs !

La famille Wilhern, désemparée mais disposant de moyens financiers illimités, se tourne alors vers la médecine. En vain ! Les spécialistes sont unanimes : l’anomalie est définitivement inopérable. Il ne reste à Penelope plus qu’un espoir, celui de lever le mauvais sort en se faisait aimer de l’un de ses semblables.

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En attendant d’être en âge de convoler, la fillette doit impérativement être mise à l’abri des journalistes et des regards indiscrets. Sa mère opte alors pour une solution particulièrement radicale, puisqu’elle n’hésite pas à orchestrer un simulacre de cérémonie funéraire !

Penelope, qui n’est officiellement plus de ce monde, se voit désormais contrainte de mener une vie de recluse. Elle occupe une chambre féerique, bien qu’hermétiquement close, et se passionne autant pour la lecture que pour la botanique. C’est dans cette solitude extrême que l’enfant grandit et développe une personnalité enjouée, curieuse et attachante.

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Quand l’heure vient enfin de partir en quête du prince charmant, rien n’est à nouveau laissé au hasard. Madame Wilhern choisit de faire appel à une entremetteuse professionnelle, qu’elle charge de sélectionner le gratin de la noblesse britannique. Les prétendants sont ainsi convoqués un à un et priés de faire la connaissance de l’infortunée jeune femme, habilement dissimulée derrière une vitre sans tain. Voilà qui prend au pied de la lettre le concept de blind date!

Malheureusement, une fois le moment de vérité arrivé, les célibataires, pris d’effroi, s’enfuient à toutes jambes ! Jusqu’au jour où l’un d’entre eux, un joueur compulsif du nom de Max, semble bien décidé à rester…

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Penelope est une conte de fées décalé et contemporain, qui se déploie dans un Londres au charme enchanteur. Face à un père distant et à une mère névrosée, notre princesse des temps modernes doit avant tout apprendre à se connaître et partir à la découverte du monde trépidant qui l’entoure. Ses (més)aventures, bien que touchantes, ne sont toutefois pas dénuées d’humour.

Le film est très soigné sur le plan visuel. La palette de couleurs, les décors oniriques et la garde-robe atypique de l’héroïne sont savamment étudiés pour contribuer à la création d’un univers merveilleux et immédiatement reconnaissable. Ce sont cependant les prestations de Christina Ricci, adorable de candeur, et de James McAvoy, crédible dans ce rôle de raté au grand cœur, qui permettent à la magie d’opérer.

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Si vous aimez les histoires joliment mises en scène et que vous avez conservé votre âme d’enfant, je vous recommande de découvrir ce film sans plus attendre !  Et n’oubliez pas: ce qui importe, ce n’est pas le pouvoir de la malédiction, mais bien celui qu’on lui accorde…

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[Aime] La femme au tableau, Simon Curtis

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Bonjour à tous! Aujourd’hui, grâce à l’opération DVD Trafic, je suis heureuse de partager mes impressions au sujet d’un film que j’avais envie de voir depuis sa sortie: La femme au tableau.

La femme au tableau retrace l’histoire de Mary Altmann, juive née à Vienne, et de son combat, aux côtés de l’avocat Randol Schoenberg, pour récupérer un célèbre tableau de Gustav Klimt, qui aurait été dérobé par les nazis à sa famille durant la guerre…

Cette captivante histoire vraie prend place en 1998, alors que de nouvelles lois sur la restitution d’œuvres volées voient le jour et que Mary Altmann, dame âgée et apparemment sans histoires, part en quête du portrait de sa tante Adèle, arraché au mur de leur luxueux appartement par les nazis. Cette superbe oeuvre de commande, réalisée par l’illustre peintre Klimt, se trouve alors exposée au Musée du Belvédère, en plein cœur de la capitale autrichienne.

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Animée par une soif de justice et par le souhait de maintenir intacte la mémoire de ses ancêtres, Mary s’adresse à Randy, le fils d’une amie qui se trouve justement être avocat. Ce qui les réunit? De douloureuses racines communes et une détermination à toute épreuve. Entre eux se noue une improbable et émouvante amitié.

Leurs démarches débutent avec la recherche du testament perdu d’Adèle, procédure qui exige un voyage en Autriche. Mary finit par accepter de retourner sur sa terre natale, en dépit de la peur et du traumatisme qui continue de l’étreindre et que nous découvrons alors, sous forme de déchirants flash-back.

Ryan Reynolds and Helen Mirren in Woman in Black.

Mary et Randy s’aperçoivent toutefois rapidement que l’Autriche n’est pas prête à renoncer si facilement à ses trésors mal acquis. Ils se heurtent à une implacable bureaucratie qui leur fait prendre conscience de la complexité du combat qui s’annonce…

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J’ai été séduite par la mise en scène qui évoque à la perfection l’atmosphère si particulière de la capitale autrichienne, tiraillée entre une vie culturelle bouillonnante et un passé marqué du sceau de la tragédie. A l’image du combat de Mary pour rendre au portrait sa véritable histoire, le film donne aux événements toute leur dimension humaine.

Les scènes se déroulant dans les années 1940 m’ont particulièrement émue. En effet, le jeu subtil des acteurs et le choix de garder les dialogues en langue allemande rendent extrêmement tangible le drame de ces vies humiliées, pillés, détruites. La violence de l’irruption des officiers, comme l’angoisse de la fuite, m’ont bouleversée.

Je vous recommande donc ce film, pour la justesse de son interprétation et sa parfaite retranscription d’une histoire aussi poignante qu’authentique.


La femme au tableau est sorti en dvd le 18 novembre 2015, chez M6-SND.

Rendez-vous sur CinéTrafic pour découvrir les blockbusters à voir et tous les nouveaux films qui vont bientôt sortir!

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[Lis] Pourquoi pas?, David Nicholls

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Bonsoir, chers lecteurs! Aujourd’hui, je vous propose la dernière note de lecture avant l’arrivée sur le blog de ma sélection littéraire inspirée par les fêtes de fin d’année.

Il s’agit du premier roman de David Nicholls, curieusement intitulé Pourquoi pas? – ou Starter for 10 dans la langue de Shakespeare.

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Bristol, 1985.
L’université ! Brian Jackson s’y voyait déjà : une vie d’étudiant sans contrainte, une sexualité débridée, des amis par centaines, un diplôme en or, qui serait suivi d’une entrée fracassante dans la vie active.
Oui, mais voilà, la réalité est loin d’être aussi idyllique. Une acné récalcitrante, des fringues informes chinées aux puces, une spécialisation dans la très moyenne et très populaire section de littérature anglaise, pas un sou en poche et une passion farouche pour Kate Bush. Un seul véritable talent : une culture générale qui ferait de lui le candidat idéal pour participer au « Questions pour un champion » local, le quiz télévisé « University Challenge ».
Recruté dans l’équipe in extremis, Brian est bien décidé à remporter le trophée et le cœur de la belle et riche Alice, aspirante actrice. Pour l’aider dans sa mission, il peut compter sur Rebecca, punkette grande gueule, juive marxiste, qui s’improvise conseillère en relations sociales et sentimentales.

Avant d’ouvrir ce livre, je n’avais encore rien lu du britannique David Nicholls. Bien entendu, je connaissais le célèbre Un jour, dont j’avais apprécié l’adaptation cinématographique, et c’est d’ailleurs sans doute ce qui a contribué à me donner envie de m’intéresser de plus près à cet auteur.

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Mon verdict à l’issue de cette lecture est plus qu’enthousiaste: je suis tombée sous le charme de son écriture et, surtout, du personnage de Brian. Post-adolescent mal dégrossi, ce véritable antihéros semble accumuler les maladresses. Sa gaucherie n’a d’égale que sa malchance et les situations dans lesquelles il se retrouve sont aussi embarrassantes qu’amusantes pour le lecteur.

Certes, la dimension caricaturale, proche du vaudeville pour certaines scènes, est indéniable. L’auteur envoie valser la vraisemblance pour nous livrer le portrait haut en couleurs d’un jeune adulte déstabilisé par l’amour et par l’inconnu.

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Si le ton est souvent léger et le roman franchement distrayant, des préoccupations plus profondes ne tardent pas à se manifester. Brian, qui souffre de l’absence de son père, peine à trouver sa place dans un monde dont il ignore les codes. Sa bonhomie apparente dissimule une blessure qui tarde à guérir et nous passons du rire à l’émotion lorsque ce fragile vernis s’écaille. Difficile, alors, de ne pas songer à l’archétype du garçon perdu créé par J.D. Salinger dans L’attrape coeurs. 

Les personnage secondaires, quant à eux, sont tous attachants à leur propre manière. Alice, sous des dehors superficiels et exaspérants, fait en réalité preuve d’une grande franchise et de beaucoup d’intelligence. Elle incarne l’antithèse de Rebecca qui, en dépit de son apparence hostile, s’avère la vraie bonne copine de notre narrateur. Enfin, instable et touchant, Spencer, l’ami d’enfance de Brian, aurait réellement mérité d’être davantage mis en lumière par l’auteur.

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En conclusion, Pourquoi pas? est une très jolie surprise, qui m’a fait passer un moment de lecture inoubliable! Je suis impatiente de découvrir le film qu’il a inspiré et qui met en scène les excellents James McAvoy et Benedict Cumberbatch!

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[Aime] Une éducation, Lone Scherfig

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Bonjour à tous! Je suis très heureuse de vous retrouver avec une nouvelle chronique cinématographique. Il semblerait que Carey Mulligan m’inspire, puisqu’elle est une fois de plus à l’affiche du film dont il sera question aujourd’hui: Une éducation.

1961, Angleterre. Jenny a 16 ans et se prépare à intégrer Oxford. Sa voie semble toute tracée jusqu’à sa rencontre avec un homme deux fois plus âgé qu’elle, qui va tout remettre en cause.

Dans un monde qui se prépare à vivre la folie des années 60, dans un pays qui passe de Lady Chatterley aux Beatles, Jenny va découvrir la vie, l’amour, Paris, et devoir choisir son existence…

Jenny est une étudiante brillante et curieuse, qui a été élevée selon les principes d’une éducation scolaire et familiale très stricte. Musicienne accomplie, fille unique, responsable et bonne élève, elle se plie aux règles tout en laissant échapper des réparties pleines d’esprit qui nous font apercevoir son tempérament insoumis.

Le seul objectif qu’elle poursuit est d’être acceptée à Oxford. Pour y parvenir, elle devra combattre son aversion pour la langue latine et éliminer les distractions de toute nature. Les espoirs de ses parents reposent entièrement sur elle et sur l’ascension sociale que son intelligence lui permet d’espérer.

A peine sortie de l’adolescence, Jenny se sent pourtant pleine d’envies, de rêves et d’ambitions inassouvies. A ses yeux, l’université représente dès lors l’opportunité de faire et de lire ce qu’elle veut, de voyager et de rencontrer des personnes d’horizons diversifiés. 

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C’est alors qu’elle fait la connaissance de David. Cet étranger, nimbé de mystère et prêt à l’introduire dans un monde entièrement neuf, incarne tout ce qu’elle attend de l’âge adulte. Il est amusé par sa fraîcheur et sa naïveté de « jeune personne qui a tout à apprendre ». Elle est admirative de son charisme qui lui permet en un instant d’amadouer sa mère et de déstabiliser son inflexible père. A elle les sorties tardives et inopinées! 

Aux côtés de David, elle découvre un univers mondain et éblouissant qui la mène de concerts en cabarets, des ventes aux enchères les plus prestigieuses aux suites des meilleurs hôtels. L’homme d’affaires la présente à ses amis décadents et désabusés, qui mènent une vie de luxe et de frivolité assumée. Rosamund Pike est parfaite dans le rôle d’Helen, superbe blonde écervelée dont les répliques sont toutes plus amusantes les unes que les autres. 

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Loin de fuir ce milieu si différent du sien, Jenny, qui se passionne pour la littérature, se croit devenue l’héroïne d’un passionnant roman. Enfin, sa morne existence devient digne d’intérêt! Et la fascination qu’elle lit dans le regard de ses amies ne fait que l’encourager à poursuivre cette étourdissante nouvelle vie.

Très vite toutefois, des zones d’ombre apparaissent. Entre séduction et manipulation, la frontière est mince et tend à se brouiller subitement. Jenny, qui a pourtant l’avenir devant elle, risque de tout perdre dans cette hasardeuse relation…

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Cela faisait des années que je souhaitais voir ce film, sorti en 2009, et je n’ai pas été déçue un seul instant. J’ai apprécié que l’histoire ne sombre pas dans les stéréotypes attendus. Jenny n’est pas influençable ou prête à tout pour être admise par David qui, lui, n’est ni un prince charmant, ni un méchant de contes de fées. L’intrigue est menée avec subtilité et les personnages restent toujours dans la nuance – à l’exception peut-être de celui d’Helen, qui apporte une note d’humour bienvenue.

Carey Mulligan est, une fois de plus, extraordinaire de candeur et d’impertinence. Peter Sarsgaard, quant à lui, incarne à merveille le gentleman charmeur et énigmatique.

Les costumes et les décors contribuent à créer une atmosphère d’époque et à marquer le contraste entre la jeune Jenny et la sphère fastueuse dans laquelle David évolue. Le Londres des années soixante, ses boutiques au charme désuet et ses rues bien agencées m’ont laissée rêveuse.

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Connaissez-vous ce film? Ou le roman duquel il est adapté? Si tel est le cas, n’hésitez pas à me faire part de vos impressions!

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[Aime] Loin de la foule déchaînée, Thomas Vinterberg

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Bonsoir à tous! Comme vous le savez sans doute, je n’écris pas souvent d’articles consacrés au septième art. J’aime me laisser emporter par la magie du cinéma, sans nécessairement éveiller mon esprit d’analyse, sans devoir réfléchir à ce que je pourrais rédiger par la suite.

Il arrive néanmoins qu’un film m’inspire tant que les mots s’imposent à moi, que ma critique s’écrive d’elle-même. Ce fut le cas pour Loin de la foule déchaînée. 

 

Dans la campagne anglaise de l’époque victorienne, une jeune héritière, Bathsheba Everdeene, se retrouve à la tête d’une ferme léguée par son oncle. Femme libre et séduisante, elle choisit de s’assumer seule et sans mari, ce qui n’est pas du goût de tous, et certainement pas de ses ouvriers. Bathsheba se laisse le droit de décider de sa vie comme elle l’entend et choisit de ne se marier qu’une fois amoureuse. 

 

Dès les premières minutes, j’ai été littéralement éblouie par la splendeur de la mise en scène. Les décors naturels du Dorset sont à couper le souffle et un travail sophistiqué sur la lumière les met encore davantage en valeur. Le réalisateur alterne les scènes de jour, où un soleil chaud et diffus succède à la brume, et celles de nuit, qui donnent lieu à des clair-obscurs particulièrement intenses et picturaux.

Carey Mulligan as Bathsheba Everdeen and Matthias Schoenaerts as Gabriel Oak in a scene from "Far From the Madding Crowd."

La bande originale de Craig Armstrong m’a elle aussi instantanément séduite. J’ai aimé la sensibilité des cordes et du piano, qui ne se contentent pas d’accompagner mais qui subliment véritablement les émotions des personnages, tout en nous transportant comme par magie dans la campagne anglaise du XIXe siècle.

 

Et c’est tout aussi rapidement que je me suis prise d’affection pour notre héroïne au prénom complexe et mystérieux, Bathsheba. J’ai aimé sa personnalité fantasque et affirmée comme son refus d’appartenir à un époux, dont elle n’a nul besoin. Paradoxalement, son indépendance trouble la gent masculine et la déstabilise. En raison de son mépris des convenances et de sa volonté de n’écouter que son cœur, elle suscite tout autant l’incompréhension que la fascination. Les prétendants accourent, l’indécision amoureuse s’installe: comment choisir entre une vie sentimentale tracée d’avance, une histoire d’amour qui défie les principes et une passion dangereuse, où elle risque de tout perdre?

Alors qu’elle se retrouve propriétaire d’une vaste exploitation, Bathsheba ne délègue nullement ses responsabilités. Au contraire, la jeune femme se retrousse les manches et finit par gagner, à la sueur de son front, le respect du village et de ses employés. Contrainte de s’endurcir, elle tâche de dominer ses sentiments, afin de dissimuler sa propre vulnérabilité.

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J’ai apprécié la complicité qui la lie à sa dame de compagnie, qui la soutient avec beaucoup de discrétion et de douceur. Gabriel, son berger et ami loyal, n’hésite pas, quant à lui, à la contrarier, à la brusquer même, dans le seul but de lui faire entendre raison et de la protéger d’elle-même. Par fierté, toutefois, elle fait la sourde oreille et ne suit pas toujours les conseils, pourtant judicieux, qu’il ne cesse de lui prodiguer.

 

Comme à chaque fois que je la retrouve sur l’écran, j’ai été bouleversée par le jeu tout en nuances de Carey Mulligan. Sans grande démonstration et parfois d’un simple battement de cils, elle parvient à faire résonner la moindre réplique et à rendre au silence toute sa force, toute sa signification. Matthias Schoenaerts est, lui aussi, d’une simplicité et d’une pudeur extraordinaire. Son personnage, toujours sur la réserve, ne révèle ses émotions qu’au détour d’un regard ou d’un sourire retenu.

Du côté des seconds rôles, j’ai été agréablement surprise par Michael Sheen. D’un abord digne, presque inaccessible, le riche voisin qu’il incarne se change en un être particulièrement touchant lorsqu’il confie ses blessures, son désespoir. Quant à Juno Temple, malgré la rareté de ses apparitions, je l’ai trouvée d’une présence étonnante.

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En conclusion, je ne peux que vous recommander de découvrir au plus vite cette sublime adaptation du classique de Thomas Hardy, dans lequel j’ai désormais hâte de me plonger!

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[Aime] Survivor, James McTeigue

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Bonjour à tous!  J’espère que vous passez un bel été, malgré le temps un peu maussade de ces derniers jours.

Je vous propose aujourd’hui une critique de film, dans le cadre de l’opération DVDTrafic à laquelle je prends toujours beaucoup de plaisir à participer. Je remercie d’ailleurs CinéTrafic pour ce chouette projet et pour l’organisation vraiment parfaite dont ils font toujours preuve.

Trêve de bavardage et place au cinéma: je vous présente cette fois un film d’action intitulé Survivor!

Une employée du Département d’État américain, Kate Abbott, mutée à l’ambassade de Londres, voit tous ses collègues mourir dans un attentat. Accusée de crimes qu’elle n’a pas commis par son propre camp, elle ne sait plus à qui faire confiance et se lance dans une folle cavale…

Si j’ai choisi ce titre au sein de la liste, c’est avant tout en raison de son casting trois étoiles. En effet, les rôles principaux sont interprétés par Milla Jovovich et le flegmatique Pierce Brosnan – qui n’adore pas Pierce Brosnan?

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Cerise sur le gâteau, on retrouve à leurs côtés deux excellents acteurs de la série culte American Horror Story: Dylan McDermott et Angela Bassett.

J’étais également attirée par le fait que l’intrigue se déroule en grande partie à Londres. Et c’est vrai que le film, qui a bel et bien été tourné dans la capitale anglaise, nous en montre un ravissant décor de carte postale, à travers différents quartiers bien reconnaissables.

Pourtant, là où je m’attendais à un scénario haletant et à des rebondissements en série, j’ai assisté à une cavale assez plate et prévisible. Ce bémol est encore aggravé par le fait que le personnage de Kate manque cruellement de caractère.

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Il est bien difficile de s’attacher à elle, alors quand le rythme s’essouffle, on finit par ne plus réellement se soucier de l’issue de l’intrigue. L’avantage est que cela nous fait oublier les ellipses et les incohérences qui nuisent vraiment à la cohérence de l’ensemble…

En conclusion, malgré de jolies scènes londoniennes et une affiche exceptionnelle, Survivor est un divertissement assez ordinaire, qui n’est pas parvenu à me convaincre. Dommage!


Survivor, de James McTeigue.

Sorti en dvd le 2 juillet 2015.

Retrouvez sur Cinétrafic le meilleur de l’action au cinéma ainsi que les meilleurs films d’action sortis cette année.


A bientôt pour les favoris du mois de juillet!

[Aime] Voyage en Chine, Zoltan Mayer

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Bonsoir à tous! J’ai envie de vous écrire, en cette fin de journée estivale, à propos d’un film qui m’a fait forte impression. En effet, j’ai eu la chance d’assister à une avant-première au superbe cinéma Le Plaza, situé à Mons, et j’ai tant apprécié l’expérience que cela mérite bien quelques lignes ici…

Le film en question est un long métrage réalisé par Zoltan Mayer. Il s’intitule Voyage en Chine et met en scène Yolande Moreau dans le rôle de Liliane, une femme qui voit sa monotone existence bouleversée par le décès subit de son fils, Christophe, installé en Chine. Hébétée par la nouvelle et par la lenteur des démarches administratives, Liliane prend la décision de s’envoler seule pour l’Asie, afin d’organiser elle-même le rapatriement du corps.

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Le synopsis tient en quelques lignes et les dialogues sont, d’ailleurs, réduits à l’essentiel. Longtemps, Liliane reste enfermée dans une solitude, représentée à l’écran par le vide. Yolande Moreau occupe, en effet, très souvent une moitié du cadre, afin de symboliser cette absence.

Elle est également plongée dans le mutisme. Avec son mari, avant le drame, elle ne fait déjà qu’échanger des banalités. Plus tard, c’est un pesant silence qui s’installe. En Chine, la barrière de la langue aggrave la situation.

Rapidement toutefois, Liliane parvient à exprimer ce qu’elle ressent de manière non verbale. Le réalisateur rend cela perceptible par l’importance qu’il accorde aux mains, mais aussi au regard. Photographe de profession, il propose alors des images sublimes, à la composition particulièrement harmonieuse.

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Le traitement qu’il accorde à la lumière est également intéressant: les scènes nocturnes et le contre-jour plongent les personnages en deuil dans l’ombre. Un sens de la couleur, hautement significative, peut également être noté, avec une utilisation parcimonieuse d’un rouge éclatant, symbole de vie.

Car ce voyage à l’étranger provoque une véritable renaissance chez Liliane, qui s’y affirme et s’y révèle, au cœur de paysages époustouflants. Après le recueillement, l’histoire laisse donc place à l’espoir. Loin d’un film larmoyant, Voyage en Chine s’avère touchant par sa grande pudeur et son esthétique soignée qui séduit au premier regard. Une très belle découverte.

[Aime] Fifty shades of Grey – le film

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Bonjour à tous! Me voici de retour avec un article cinématographique, exercice auquel je ne me suis plus prêtée depuis trop longtemps. Sans beaucoup d’originalité, j’ai eu envie de vous donner mon avis sur l’adaptation de Cinquante nuances de Grey, dont j’avais lu le livre à sa sortie, en anglais.

En guise de préambule, histoire de ne plus trop y revenir par la suite: j’ai détesté le roman. Je l’ai trouvé maladroit, vulgaire, misogyne, extrêmement répétitif et épouvantablement rédigé. Il présente sous un jour glamour une relation dysfonctionnelle, qui heurte mes convictions sur pas mal de points. Son seul mérite a été de combler un vide éditorial et d’être accrocheur, à la Twilight (tiens donc!), sur les cent premières pages.

Je suis allée au cinéma pour la même raison que j’avais acheté le livre: les phénomènes d’une telle ampleur éveillent ma curiosité… et mon esprit critique. Pourtant, contrairement à une majorité de blogueurs, je ne trouve pas que tout soit à jeter dans cette version grand écran.

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Prenons les éléments dans le bon ordre: en premier lieu, quand une adaptation sort au cinéma, les lecteurs se déchirent autour du choix des acteurs. Pour ma part, j’ai trouvé les deux lead particulièrement bien choisis. En réalité, si je n’avais aucun doute sur Dakota Johnson, j’étais plus dubitative au sujet de Jamie Dornan… Mais au final, il m’a semblé plutôt convaincant avec ses œillades lourdes de sens – et son art de porter un costume hors de prix, aussi, je l’admets.

Quant à leur jeu, sans être d’une qualité hors du commun, je l’ai trouvé très correct – commentaire à ajuster lorsque j’aurai vu le film en version originale, car l’accent américain de Jamie Dorman semble en faire sourire plus d’un. Dakota Johnson incarne parfaitement la cruche mal dégrossie, qui ne comprend pas où elle met les pieds et ne se méfie de rien.

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En ce qui concerne la mise en scène, elle correspond exactement à ce que j’en espérais: des images sans prises de risque mais d’une esthétique irréprochable. Le côté clip vidéo (très perceptible dans une scène en particulier), qui peut me déranger quelquefois, se prête cette fois au genre. Le jeu sur les couleurs n’est pas non plus dépourvu d’intérêt. Sam Taylor-Wood se distingue, pour le coup, très nettement de Twilight et de son univers adolescent: le Seattle glacé de Christian Grey ne laisse aucune part au désordre, c’est un monde très adulte et austère, où rien ne dépasse.

J’ai également beaucoup apprécié la soundtrack, ce qui n’est pas très étonnant puisqu’elle est orchestrée par Danny Elfman. Les chansons choisies contribuent à l’atmosphère particulière du film et, outre celles de Beyoncé, les contributions de The Weeknd et Sia sont d’excellents morceaux que je ne me lasse pas de réécouter.

Il ne me reste plus qu’à aborder le scénario… Et pour le coup, on retombe dans le même schéma que le roman: la première heure nous tient en haleine, et la deuxième semble répéter en boucle les mêmes conversations, au sujet des mêmes impasses. L’ennui s’installe. Anastasia est insupportable de niaiserie ; Christian, au lieu de se révéler plus humain, se mue en une sorte de sociopathe complètement hermétique, et on se demande bien où sont passés les personnages secondaires. Sérieusement, la maman d’Ana, tu attends quoi pour réagir?

Fifty Shades of Grey

En conclusion, à titre personnel, j’ai préféré le film au livre, pour ses images soignées et son aspect distrayant. J’ai ri à plusieurs reprises – peut-être pas aux moments attendus, mais qu’importe.  Est-ce que je verrai la suite? Peut-être pas au prix du billet de cinéma, mais qui sait?

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